L'Europe vole au secours de la Gironde et des Landes qui flambent
L'Europe vole au secours de la France pour aider les pompiers qui luttent avec acharnement depuis deux jours contre la reprise spectaculaire d'un incendie en Gironde et dans les Landes, où de premiers renforts sont arrivés d'Allemagne jeudi.
Au total, 361 pompiers européens ont pris la route du sud-ouest de la France pour épauler les 1.100 pompiers qui combattent nuit et jour une reprise de feu du gigantesque incendie de Landiras (14.000 hectares déjà brûlés en juillet).
"Le chantier", dans le jargon des soldats du feu, est colossal dans cette zone où le ciel est nappé d'un voile grisâtre, masquant quasi totalement le soleil brûlant.
Dans un large périmètre autour de Hostens (Gironde), où se sont rendus jeudi la Première ministre Elisabeth Borne et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le feu, chaotique, a ravagé depuis maintenant deux jours 7.400 ha de forêts desséchées et forcé 10.000 personnes à quitter leur domicile, parfois pour la seconde fois depuis un mois.
Jeudi après-midi, 65 pompiers allemands et 24 véhicules. Des dizaines d'autres pompiers sont attendus dans les prochains jours avec leurs camions venus de Roumanie, Pologne, Autriche.
"Les Roumains et les Allemands seront sur le terrain demain matin à l'aube", a assuré à la presse Martin Guespereau, préfet délégué pour la défense et la sécurité en Gironde.
"Nous sommes tous des pompiers, et nous comprenons la situation. Ca doit être vraiment dur de combattre des feux de cette durée et de telle ampleur", a déclaré Simon Fritz, pompier professionnel venu de Bonn qui venait d'être salué d'un "welcome" par les autorités françaises.
Sur place, plusieurs habitations évacuées arboraient des témoignages de gratitude - "Merci pour nos maisons" ou "Merci les pompiers" peints sur des draps blancs.
"On se croirait en Californie, c'est gigantesque... Pourtant il y a une culture du feu de forêt" localement, a confié à l'AFP, les yeux cernés, Rémy Lahlay, pompier professionnel de la Rochelle, 20 ans de carrière, "mais là, on se fait déborder de partout : personne ne peut s'attendre à ça".
Au total, huit avions bombardiers d'eau (6 Canadairs, 2 Dash) et deux hélicoptères ont été mobilisés pour cette deuxième journée de lutte marquée par de nouveaux départs de feu, notamment à Saint-Symphorien (Gironde).
Et d'autres "batailles" attendent les pompiers dans les prochaines heures, notamment pour la sauvegarde de la commune forestière de Belin-Béliet mais aussi la défense de l'autoroute A63 entre Bordeaux et Bayonne, qui se trouve à une "distance dangereuse du feu", même si elle a été partiellement rouverte à la circulation.
- "Solidarité européenne" -
Emmanuel Macron a remercié dans un tweet la "solidarité européenne".
La Commission européenne a annoncé l'envoi de quatre avions de la flotte de l'UE contre les incendies depuis la Grèce et la Suède pour répondre à la demande de la France.
Ces renforts en avions et pompiers européens sont également attendus ailleurs en France pour aider à combattre de nouveaux brasiers dans des forêts complètement desséchées par les vagues de chaleur et le manque historique de pluie.
Outre la Gironde et les Landes, le feu qui s'est déclaré lundi dans l'Aveyron était toujours actif jeudi après-midi. Il a nécessité l'évacuation mercredi soir de 500 vacanciers et habitants de Rivière-sur-Tarn et Mostuéjouls.
Dans le Jura, deux incendies de forêt ont ravagé plus de 400 hectares depuis mardi, la propagation de l'un d'entre eux s'étant "accélérée".
La sécheresse et les températures caniculaires et un air très sec créent toujours un "risque très sévère d'éclosion de feu", selon la préfecture de Gironde.
Plus de 40.000 hectares ont déjà brûlé cette année en France selon la sécurité civile, voire 50.000 hectares selon des données satellitaires européennes, soit plus de trois fois la moyenne annuelle des dix dernières années, à l'image d'autres pays comme l'Espagne, alors que l'été n'est pas terminé.
La pluie n'est pas attendue avant dimanche.
Dix-neuf départements, du sud-ouest jusqu'à la pointe de la Bretagne, sont jeudi après-midi en vigilance orange, le niveau d'alerte invitant les habitants à être "très vigilants".
La multiplication, l'allongement et l'intensification des vagues de chaleur sont la conséquence la plus immédiate du réchauffement climatique, selon les scientifiques.
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