

Paris-Nice: Jorgenson monte en grade
"C'est ma course": Matteo Jorgenson a remporté Paris-Nice pour la deuxième année consécutive dimanche avec une maîtrise qui pourrait bientôt l'appeler à d'autres fonctions.
L'Américain a validé sa victoire à l'issue de la huitième et dernière étape remportée en solitaire par son compatriote Magnus Sheffield dimanche à Nice sous un soleil enfin revenu, après une semaine à braver la grêle, la pluie et la neige.
Deuxième de l'étape, après avoir pris en chasse son ancien coéquipier chez les juniors, Jorgenson devance au général le prometteur Allemand Florian Lipowitz de 1:15 et le Néerlandais Thymen Arensman de 1:58, un gouffre.
"Ca fait quatre mois que je pensais à cette course. Gagner Paris-Nice deux fois de suite, c'est juste fou", a savouré le coureur de Visma-Lease a bike.
C'est un nouveau triomphe à domicile pour Jorgenson, résident niçois et qui parle couramment le français depuis son passage dans l'équipe du Chambéry CF en 2019.
Mais il a une saveur différente, celui de la confirmation voire de l'affirmation d'un leader en puissance.
L'année dernière sa victoire, quelques semaines seulement après son arrivée dans l'armada Visma, avait surpris pas mal de monde et surtout lui-même. "Jamais je n'aurais pensé pouvoir gagner une telle course", soulignait cet hiver encore ce coureur longiligne (1,90 m, 70 kg) au visage pâle qui séduit par sa disponibilité et la richesse de ses analyses.
- Au relais de Vingegaard -
Cette semaine, il a fait preuve d'une maîtrise totale sur une course pourtant particulièrement éprouvante et piégeuse vu les conditions météo atroces qui ont envoyé plusieurs coureurs à l'hôpital, dont son co-leader Jonas Vingegaard.
Même rapidement esseulé et privé de coéquipiers dimanche dans les côtes de l'arrière-pays niçois, il ne s'est jamais affolé, notamment lorsque Lipowitz a tenté d'attaquer dans la côte de Peille.
"Oh merci, merci", a-t-il déclaré samedi soir lorsqu'on lui a fait remarquer qu'il avait montré une vraie étoffe de leader tout au long de la semaine.
C'est que le Californien, aussi poli que polyglotte, qui parle aussi espagnol après trois ans passées à la Movistar, peine encore à croire en son potentiel, lui qui, dans une démarche peu orthodoxe, inondait toutes les équipes d'Europe d'e-mails pour proposer ses services lorsqu'il avait 18 ans.
Aujourd'hui, il est l'un des trois coureurs les plus complets de la planète avec Tadej Pogacar et Remco Evenepoel, capable de gagner une course par étapes comme une classique (A Travers la Flandre en 2024).
Sur Paris-Nice, il a aussi montré un vrai leadership. D'abord à côté de Vingegaard, puis tout seul lorsque le double vainqueur du Tour de France a jeté l'éponge vendredi avec une commotion à la main gauche.
- "Un perfectionniste" -
Vendredi soir, son équipe a partagé une vidéo sur les réseaux sociaux où il décrit avec précision l'endroit où le peloton pourrait casser dans l'étape du jour et c'est ensuite exactement là que Visma a provoqué une cassure décisive.
"Matteo s'impose naturellement comme un leader parce que c'est probablement le plus investi de tous, expose son coéquipier français Axel Zingle. Tous les matins, il est dans le bus, sur son ordinateur, et il repère chaque mètre de l'étape. Il note tout dans son carnet. C'est un perfectionniste. Il ne laisse rien au hasard. C'est super motivant d'évoluer avec un leader comme ça. On a vraiment envie aussi de tout se sublimer pour l'accompagner au mieux."
De quoi rabattre les cartes dans l'équipe néerlandaise où Vingegaard est l'indiscutable leader pour le Tour de France depuis trois ans ?
"Pas du tout, ce n'est pas le plan du tout", insiste Jorgenson qui prévoit, cet été sur le Tour de France, de se ranger une nouvelle fois au service du Danois qu'il trouve intrinsèquement "beaucoup plus fort" que lui.
Mais à l'avenir, l'Américain, 25 ans soit trois de moins que Vingegaard, peut certainement voir plus haut et dès l'année prochaine lorsqu'il visera une première victoire dans un grand Tour, le Giro, la Vuelta, voire même le Tour de France si jamais les courbes se croisent avec Vingegaard.
孫-H.Sūn--THT-士蔑報