Accalmie judiciaire entre Noël Le Graët et Amélie Oudéa-Castera
Après le classement récent de l'enquête le visant pour harcèlement, l'ancien patron du football français Noël Le Graët a retiré sa plainte en diffamation contre l'ex-ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, qui ne sera donc pas jugée comme prévu par la Cour de justice de la République (CJR) début décembre.
L'ancienne ministre a annoncé elle-même sur X ce retrait de plainte: "Noël Le Graët a fait savoir à la CJR qu’il retirait sa plainte en diffamation contre moi. En cas de procès, il aurait eu à revenir devant la Cour sur les écarts répétés de langage et de comportement qui l’avaient conduit à démissionner de la Fédération française de football", a écrit Mme Oudéa-Castera jeudi.
"Comme à l'époque pour sa démission, il prend une sage décision pour lui comme pour la Fédération française de football (FFF)", a encore lancé l'éphémère ministre de l'Education nationale, début 2024.
Après onze années de règne, entre succès sportifs, redressement économique et épilogue dans la tempête médiatique, M. Le Graët avait quitté la tête de la FFF fin février 2023 sous pression, après un rapport d'audit accablant de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur sa gestion, sur fond d'accusations de harcèlement sexuel.
Des accusations que M. Le Graët niait farouchement.
- Perte de temps -
Quelques heures après le départ de M. Le Graët fin février, son avocat avait annoncé la plainte contre Mme Oudéa-Castera, affirmant que la ministre avait "menti" sur ce rapport de l'IGESR, qui n'avait pas été rendu public.
La plainte pour diffamation concernait des propos tenus par Amélie Oudéa-Castera, dans l'exercice de ses fonctions de ministre, à l'occasion d'une conférence de presse du 15 février 2023 et d'une interview du 5 mars 2023.
Me Marembert soulignait également à l'époque une différence entre la synthèse du document, publiée le 15 février qui mentionnait des "paroles" et des SMS, "des propos ou des écrits ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d'autres", et son intégralité.
Sollicité par l'AFP, Me Thierry Marembert a "confirmé le retrait de la plainte, qui date de mardi". "La justice a tranché. Noël Le Graët s’est longuement expliqué, a été crû et a été innocenté", a-t-il poursuivi.
L'ex-patron du foot français, contacté plusieurs fois, n'a pas pu pour le moment commenter sa décision.
M. Le Graët a bénéficié le 17 octobre d'un classement du parquet de Paris pour infraction insuffisamment caractérisée, dans l'enquête pour harcèlement moral et sexuel ouverte 18 mois plus tôt et qui avait précipité sa chute.
"Les Français n’ont pas besoin de Noël Le Graët pour se faire leur opinion de +AOC+", telle qu'est surnommée l'ex-ministre, a cinglé Me Marembert. "Inutile de perdre du temps."
Son client "entend se consacrer à sa famille et au monde du football, ses deux grandes passions, à qui il a encore beaucoup à apporter", a-t-il ajouté.
- Procédure administrative -
Une source judiciaire a confirmé à l'AFP la réception par la CJR d'un courrier daté de mardi "émanant des conseils de M. Le Graët et faisant état de son intention de se désister de (sa) plainte en diffamation".
"Il appartiendra à la CJR de tirer les conséquences de ce désistement, s’il était confirmé, lors de l’audience qui s’ouvrira le 3 décembre" et qui était prévue pour durer jusqu'au lendemain, a ajouté cette source.
Comme le prévoit le droit de la presse et sauf cas particuliers, le désistement du plaignant met procéduralement un terme à l'action engagée, lorsqu'il est effectif.
Me Thierry Marembert a indiqué que la procédure devant la justice administrative pour obtenir l'annulation du rapport de l'IGESR était toujours en cours, sans date d'audience prévue à ce stade.
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