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Japon: des restrictions en vue sur les dons de sperme font polémique
Japon: des restrictions en vue sur les dons de sperme font polémique / Photo: Yuichi YAMAZAKI - AFP

Japon: des restrictions en vue sur les dons de sperme font polémique

Satoko Nagamura et sa compagne ont eu recours à des dons de sperme pour avoir un enfant, mais une future loi japonaise risque de priver pour de bon les couples lesbiens et les femmes seules de ce moyen de procréation.

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Pendant des décennies, les dons anonymes de sperme au Japon ont été pratiqués dans un grand vide juridique. Une proposition de loi devant être soumise au Parlement d'ici la fin de cette année vise à encadrer légalement la procédure pour la première fois.

Cependant, le texte préliminaire consulté par l'AFP prévoit de réserver l'accès aux dons de sperme à des couples mariés, et donc hétérosexuels, car le Japon ne reconnaît pas les unions de même sexe.

Cela reviendrait "à voler aux femmes - qu'elles soient en couple ou célibataire - leurs droits reproductifs et leur désir d'enfanter et d'élever des enfants", s'indigne Mme Nagamura, 39 ans.

A l'heure actuelle, les établissements médicaux nippons proposant des inséminations artificielles suivent généralement des recommandations de la société japonaise d'obstétrique et de gynécologie, qui conseille déjà de réserver la procédure aux couples mariés.

Les principes de cette société de médecine ne sont pas contraignants, mais ont suffisamment de poids pour que très peu de médecins acceptent d'aider des couples lesbiens ou des femmes seules dans leurs projets d'enfant.

Si ces règles venaient à être gravées dans la loi, "les rares cliniques qui nous acceptaient ne seront plus capables de le faire", se désole Mme Nagamura.

Elle et sa compagne Mamiko Moda, 42 ans, redoutent aussi que la future loi ne stigmatise un jour leur fils de dix mois, conçu par insémination artificielle avec le sperme d'un de leurs amis.

Bien qu'il soit né avant cette loi, "l'impression que nous aurions fait quelque chose de mal, que cet enfant serait en quelque sorte +illégal+, pourrait émerger" à l'avenir, s'inquiète Mme Moda.

- Voies informelles risquées -

Kozo Akino, un parlementaire de la coalition de droite conservatrice au pouvoir ayant participé à la proposition de loi, estime lui que les droits des enfants sont mieux protégés si leurs parents sont légalement mariés.

"Les technologies de reproduction assistée ne doivent pas être utilisées aux dépens du bien-être des enfants", déclare cet élu à l'AFP.

Des médecins estiment aussi que la loi pourra rendre le recours aux dons de sperme davantage accepté dans la société nippone.

Des établissements médicaux japonais proposant ce service d'insémination artificielle font face à une pénurie de dons de sperme, depuis que les donneurs ont été informés il y a quelques années que leur anonymat était susceptible d'être un jour contesté en justice par leurs descendants.

Des femmes et des couples lesbiens se tournent déjà vers des dons de sperme hors milieu médical, pour éviter la lourdeur des procédures existantes.

Une simple recherche sur Twitter révèle des centaines de comptes japonais vantant l'apparence physique, les diplômes ou la santé d'hommes se disant prêts à offrir leur sperme, via des échantillons ou des rapports sexuels.

Beaucoup ne demandent pas d'argent, à part la prise en charge de leurs frais de transport. Ce qui alimente des doutes sur leurs motivations réelles, certains les accusant de ne rechercher que du sexe.

"C'est comme un don du sang", affirme à l'AFP l'un de ces volontaires souhaitant rester anonyme. "Il se trouve que j'ai un corps en bonne santé, donc pourquoi ne pas l'utiliser pour une bonne cause?"

Ces offres en ligne soulèvent toutefois de graves questions de sécurité sanitaire, les profils des donneurs en termes de maladies sexuellement transmissibles ou héréditaires ne pouvant être vérifiés.

Mme Nagamura craint que le recours à ces voies risquées n'augmente avec la future loi. "Certaines seront prêtes à tout pour avoir des enfants", prévient-elle. "Ce n'est pas si simple de renoncer à en avoir".

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