

Le chef de l'Otan en Bosnie promet de ne pas laisser de "vide sécuritaire" s'installer
Le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte a déclaré lundi en Bosnie que la communauté internationale ne laisserait pas s'installer un vide sécuritaire dans le pays, en proie à de fortes tensions après la condamnation fin février du président de la Republika Srpska, l'entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, qui multiplie depuis les provocations.
"J'entends les préoccupations concernant la situation sécuritaire. Mais soyons clairs, nous ne sommes pas en 1992. Et nous ne laisserons pas un vide sécuritaire s'installer", a déclaré M. Rutte en référence au début du conflit inter-communautaire qui a fait 100.000 morts entre 1992 et 1995.
"La communauté internationale est présente et déterminée à poursuivre son soutien fort, y compris par le biais de (la force européenne) Eufor et de l'Otan. Je sais que l'Eufor est pleinement préparée à maintenir un environnement sûr et sécurisé en Bosnie-Herzégovine", a-t-il ajouté.
Condamné à une peine d'an de prison, assortie d'une interdiction d'exercer ses fonctions pendant six ans, le président de la Republika Srpska (RS) peut faire appel. Mais il a décidé de rejeter le verdict et a fait adopter par le Parlement de la RS une législation interdisant à la justice et à la police de l'Etat central d'exercer sur le territoire de l'entité serbe de Bosnie.
Ces décisions ont mis à l'épreuve les fragiles et complexes institutions centrales de ce pays divisé en deux entités autonomes, la Republika Srpska dont Dodik est le chef depuis des années, et la Fédération croato-musulmane. Elles sont reliées par des institutions centrales que remet en question M. Dodik.
Face aux tensions, la Force européenne (Eufor) a annoncé vendredi des renforts pour sa mission de maintien de la paix en Bosnie, une "mesure proactive (...) dans l'intérêt de tous ses citoyens".
- 'Pierre angulaire' -
Le chef de l'Otan - dont la Bosnie ne fait pas partie - a rencontré à Sarajevo les membres de la présidence tripartite du pays, Zeljka Cvijanovic (serbe), Denis Becirovic (bosniaque) et Zeljko Komsic (croate).
"L'Accord de paix de Dayton est la pierre angulaire de la paix dans ce pays et doit être respecté. Et nous soutenons le bureau du Haut Représentant", a dit M. Rutte lors d'une conférence de presse avec les trois membres de la présidence, ajoutant que "toute action qui sape Dayton, l'ordre constitutionnel ou les institutions nationales est inacceptable".
"Les discours et actions incendiaires sont dangereux. Ils constituent une menace directe pour la stabilité et la sécurité de la Bosnie-Herzégovine", a poursuivi le secrétaire général de l'Otan.
S'adressant aux trois membres de la présidence, il les a appelés à "rendre ce pays fier de sa présidence" et à "résoudre ce problème", dans une allusion voilée à M. Dodik.
"Cela n'aidera pas seulement ce pays à avancer, mais aussi la région, et toute l'Europe", a-t-il insisté.
La question du pouvoir des institutions centrales se pose cruellement depuis la condamnation de M. Dodik, qui a appelé les Serbes à quitter le Paquet d'Etat, la Cour d'Etat et la SIPA (la police centrale) et à rejoindre les institutions de l'entité serbe.
On ignore encore combien de fonctionnaires ont suivi ses recommandations.
En réaction, le Parquet d'Etat a ouvert une nouvelle enquête pour "attaque contre l'ordre constitutionnel", et la Cour constitutionnelle du pays a suspendu vendredi les lois de la RS, "jusqu'à l'annonce d'une décision définitive".
L'Union européenne et Washington ont dénoncé avec fermeté ces actions de l'entité serbe.
M. Dodik avait célébré la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. s'il semblait compter sur un laisser-faire des Etats-Unis, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio l'a accusé vendredi de "saper la sécurité et la stabilité" du pays.
"Nous appelons nos partenaires dans la région à se joindre à nous pour résister à ce comportement dangereux et déstabilisateur", a écrit le chef de la diplomatie américaine sur X.
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