

Kiev proposera une trêve "dans les airs", "en mer" lors des pourparlers avec les Etats-Unis (responsable)
L'Ukraine va proposer une "trêve dans les airs" et "en mer" avec la Russie, a indiqué lundi à l'AFP un haut responsable ukrainien, à la veille de négociations clefs en Arabie saoudite.
Le président Volodymyr Zelensky est attendu lundi dans le royaume du Golfe, où se tiendra le lendemain une rencontre entre une délégation de Kiev et une équipe américaine sur les moyens de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a envahi son voisin il y a trois ans.
"Nous avons une proposition d'une trêve dans les airs et d'une trêve en mer, car ce sont les options de cessez-le-feu qui sont faciles à mettre en place et à surveiller et il est possible de commencer par elles", a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
La réunion de mardi devrait être la première entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite désastreuse de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, qui avait donné lieu à une spectaculaire joute verbale.
Washington a depuis suspendu son aide militaire et son partage de renseignements, et Kiev tente de recoller les morceaux avec le président Donald Trump.
M. Zelensky ouvrira le bal diplomatique en rencontrant lundi le prince héritier Mohammed ben Salmane.
"L'Ukraine cherche la paix depuis la toute première seconde de la guerre, et nous avons toujours dit que la seule raison pour laquelle la guerre se poursuit est la Russie", a-t-il dit sur Telegram.
Son équipe rencontrera les représentants américains dans la ville de Jeddah, sur la mer Rouge, où des drapeaux ukrainiens flottaient lundi aux abords des principaux axes.
Les pourparlers doivent servir à "définir un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial" entre la Russie et l'Ukraine, avait indiqué l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.
- Soutien américain -
Le Royaume-Uni a annoncé lundi qu'une réunion virtuelle sera organisée samedi avec les dirigeants des pays prêts à aider à maintenir la paix en Ukraine en cas de trêve, après le sommet réuni à Londres le 2 mars.
Selon Londres, une vingtaine de pays sont prêts à contribuer à une "coalition de volontaires", même si les modalités n'ont pas été précisées.
Selon le Financial Times, qui cite des sources proches des négociations en Arabie saoudite, l'Ukraine devrait proposer un cessez-le-feu partiel dans l'espoir de convaincre Washington de faire marche arrière sur sa décision de geler l'aide militaire et le partage de renseignements.
Un gel prolongé du partage de renseignements donnera "un avantage significatif" à la Russie sur le champ de bataille, a prévenu lundi un haut responsable ukrainien, en soulignant que le gel affectait déjà sa capacité à frapper des cibles se trouvant sur le territoire russe.
Les relations entre Washington et Kiev se sont profondément transformées en l'espace de quelques semaines, avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier.
Cette tension, sur fond de rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine, se produit à l'heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le week-end, la Russie a revendiqué d'importantes avancées dans sa région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.
Donald Trump a multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d'être un "dictateur", de n'être pas assez reconnaissant ou de n'être pas prêt à la "paix".
- Rapprochement -
Le ton s'est depuis quelque peu apaisé depuis la vive altercation de février, Volodymyr Zelensky jugeant l'incident "regrettable" et Donald Trump estimant que son homologue ukrainien était prêt à négocier, menaçant même Moscou de nouvelles sanctions.
"Nous allons faire beaucoup de progrès. Dès cette semaine je pense", a assuré dimanche soir Donald Trump à des journalistes à bord de l'avion présidentiel Air Force One.
Mais les désaccords demeurent.
L'accord sur l'exploitation minière, dont Donald Trump compte tirer des revenus pour rembourser l'aide américaine fournie à Kiev, n'a toujours pas été conclu.
Interrogé sur la possibilité qu'il soit signé en Arabie saoudite, M. Witkoff avait assuré que M. Zelensky avait "proposé de le signer, et nous verrons s'il le fait".
Le voyage en Arabie saoudite de Volodymyr Zelensky devait initialement avoir lieu en février, mais il l'avait reporté après avoir dénoncé la tenue de pourparlers russo-américains.
Lors des discussions mardi, l'Ukraine devrait être représentée par le chef de l'administration présidentielle Andriï Iermak, le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga, le ministre de la Défense Roustem Oumerov et le chef-adjoint de cabinet du président Pavlo Palissa.
L'équipe américaine sera composée de hauts responsables qui avaient déjà rencontré les représentants russes en février, notamment le chef de la diplomatie Marco Rubio, qui s'est envolé dimanche soir pour Jeddah, et le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz.
Marco Rubio devrait arriver à Jeddah lundi et a prévu de rencontrer Mohammed ben Salmane durant sa visite, selon le département d'Etat.
L'Arabie saoudite, allié historique des Etats-Unis, consolide son influence internationale en accueillant ces rencontres.
Le pays pétrolier a aussi été impliqué dans les négociations concernant l'échange de prisonniers historiques entre la Russie et l'Occident en août 2024.
Ryad avait pourtant été mis au ban de la scène internationale après l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en Turquie en 2018, qui avait provoqué un tollé.
Mais, selon M. Witkoff, l'administration Trump a de "très bonnes relations avec les Saoudiens".
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