L'Allemagne recrute la responsable de Greenpeace comme "ambassadrice pour le climat"
L'Allemagne a choisi de confier un poste d'"ambassadrice pour le climat" à une militante emblématique, la dirigeante de Greenpeace International Jennifer Morgan, dont la nomination se veut "un signal important" des ambitions climatiques du gouvernement d'Olaf Scholz.
Cette Américaine de 55 ans, à la tête depuis 2016 de l'une des ONG environnementales les plus en vue, va devenir le 1er mars "représentante spéciale pour la politique internationale sur le climat" du gouvernement allemand, a annoncé mercredi la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock.
L'ancienne cheffe des Verts allemands a présenté cette "ambassadrice du climat" comme son futur "bras droit" au ministère.
Elle aura le rang de secrétaire d'Etat dès sa naturalisation allemande obtenue.
C'est la première fois qu'un gouvernement allemand se dote d'une telle fonction. L'équipe du chancelier social-démocrate Olaf Scholz, qui gouverne avec les verts et les libéraux, a fait de la défense du climat une de ses priorités.
"En politique étrangère, nous avons aussi placé la lutte contre la crise climatique à la place qui doit être la sienne, à savoir tout en haut de notre agenda", a justifié la cheffe de la diplomatie lors d'une conférence de presse avec Jennifer Morgan.
L'Allemagne, première économie européenne, est engagée dans une transition énergétique à marche forcée : d'ici 2030 la consommation d'électricité devra être à 80% composée d'énergies renouvelables.
L'arrivée de Jennifer Morgan constitue donc "une nomination de rêve" et "un signal important", selon Mme Baerbock.
Car "la crise climatique va fondamentalement changer notre monde dans les années qui viennent", a-t-elle insisté.
- Maison en flammes -
"Quand la maison est en flammes, peu importe que l'on vive au rez-de-chaussée ou sous les toits", a souligné la ministre pour rappeler la nécessité d'une action concertée au niveau mondial.
Dans ses nouvelles fonctions, Jennifer Morgan, qui parle allemand et vit depuis 2003 à Berlin, sera chargée de "soutenir les objectifs (environnementaux) de l'Allemagne dans l'UE et dans le monde et de les faire avancer", a détaillé l'Américaine.
"Le temps presse. Nous avons besoin d'une coopération internationale comme jamais auparavant" pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, a déclar Mme Morgan, ajoutant que l'Accord de Paris sur le climat était, de son point de vue, "un bon accord".
Selon elle, l'Allemagne joue "un rôle précurseur dans le monde" en matière de développement des énergies renouvelables et de sortie du nucléaire, prévue d'ici la fin de l'année.
"La transformation énergétique est clairement une sorte de +soft-power+ de l'Allemagne", a-t-elle poursuivi.
- Efforts 'gigantesques' -
L'Allemagne, première émettrice de CO2 en Europe avec sa puissante industrie, se prépare à de profonds bouleversements. Le vice-chancelier et ministre de l'Economie, l'écologiste Robert Habeck, a prévenu lors de son entrée en fonction que des efforts "gigantesques" seraient nécessaires.
Malgré la progression des énergies renouvelables dans la consommation d'électricité ces dernières années, la transition est encore trop lente.
Jennifer Morgan a consacré toute sa carrière à la protection de l'environnement, évoluant dans différentes ONG comme le WWF, où elle a supervisé de 1998 à 2006 le programme sur le changement climatique mondial, le think-tank E3G, puis le World Resources Institute (WRI), proche du parti démocrate américain.
Elle s'est forgé une réputation de défenseure acharnée des peuples et pays les plus vulnérables au réchauffement de la planète.
Elle apporte avec elle un épais carnet d'adresses, avec des contacts aussi bien parmi les militants de la défense de l'environnement que dans les milieux politiques. Elle est ainsi proche du représentant spécial américain pour le climat, John Kerry.
Annalena Baerbock et Jennifer Morgan se connaissent bien car elles ont toutes deux participé aux conférences internationales sur le climat, souligne der Spiegel.
Pour la cheffe de la diplomatie allemande, l'arrivée de cette experte de l'une des ONG les plus connues dans le monde constitue un coup politique même si certains, dans les rangs de l'opposition conservatrice, s'inquiètent du recrutement d'une "lobbyiste".
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