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Visite éclair de Borne à Mayotte, archipel dans l'urgence
Visite éclair de Borne à Mayotte, archipel dans l'urgence / Photo: Miguel MEDINA - AFP

Visite éclair de Borne à Mayotte, archipel dans l'urgence

Elisabeth Borne est arrivée vendredi à Mayotte avec dans sa besace plusieurs annonces sur l'eau, le logement et la santé pour ce département le plus pauvre de France, confronté à une grave sécheresse, une pression migratoire des Comores voisines et une insécurité croissante.

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Accueillie par des chants traditionnels et des colliers de fleurs à l'aéroport de Petite-Terre, la cheffe du gouvernement accompagnée par deux ministres, Aurélien Rousseau (Santé) et Philippe Vigier (Outre-mer), a évoqué la pénurie d'eau, à laquelle les habitants n'ont accès qu'un jour sur trois.

C'est cette crise qui a motivé au départ ce déplacement. Mais cet archipel de l'Océan indien de 310.000 habitants, où Marine Le Pen a réuni près de 60% des suffrages à la dernière présidentielle, est aussi secoué depuis plusieurs semaines par des affrontements entre villages, qui ont conduit à l'envoi de renforts en gendarmes.

 

Le ministre de l'Intérieur sera le même jour à Nice et Menton pour parler de l'immigration irrégulière. Il était venu dans l'archipel en juin pour défendre l'opération policière controversée Wuambushu de lutte contre l'habitat insalubre (les bidonvilles), la criminalité et l'immigration illégale.

- Une "prison" -

Après la visite d'une usine de dessalement qui doit être agrandie, la Première ministre a assisté à une distribution d'eau en bouteilles. Une mesure qui, comme la prise en charge des factures ou les aides aux entreprises, va se poursuivre "aussi longtemps que nécessaire".

"Vous êtes bienvenue à Mayotte mais il y a un mais. Avant on vivait librement maintenant on est en prison" avec l'insécurité, l'a interpellée une femme, élue locale. "Liberté égale à quoi chez nous ? La prison. Egalité égale à quoi chez nous ? La tuerie malheureusement" et "la fraternité égale à quoi chez nous ? La soif", a-t-elle développé.

"On voit bien que la crise de l’eau se rajoute à toutes les crises qui existent", lui a répondu Mme Borne.

L'archipel est confronté à sa pire sécheresse depuis 1997, aggravée par un manque d'infrastructures et d'investissements.

Sur l'insécurité, "c'est sûr que c’est pas possible. (...) la violence que vous vivez ce n’est pas normal", a reconnu la Première ministre.

La lutte contre l'immigration irrégulière et l'insécurité sont des "priorités absolues" à Mayotte, explique-t-on à Matignon. "Pour autant la politique du gouvernement à l’égard de Mayotte" doit aussi porter une "vision d'ensemble pour son développement" en matière d'écoles, de santé de logement.

- "Appel d'air" -

Elisabeth Borne visitera ensuite un bidonville qui doit prochainement être démantelé à Koungou, où elle annoncera la création d'une opération d’intérêt national sur trois communes pour aider au relogement de ses habitants.

 

La moitié de la population ne possède pas la nationalité française, selon l'Insee, même si un tiers des étrangers sont nés sur l'île. Et environ 30% des logements sont de l’habitat insalubre.

Les résultats se font attendre. Les opérations contre les bidonvilles ont permis de détruire environ 700 habitats informels (ou cases) cette année, contre 1.600 en 2021. Le nombre d'expulsions d'immigrés illégaux a baissé: environ 22.000 depuis le début de l'année, contre 25.000 en 2022.

Au conseil départemental, Elisabeth Borne signera une "convention financière" par laquelle l'Etat apportera 100 millions d'euros en 2024 à la petite enfance, dont les dépenses explosent avec la croissance démographique.

Elle visitera aussi l'unique hôpital de Mayotte, qui manque cruellement de soignants, pour y annoncer son extension ainsi que de nouvelles offres de formations pour attirer les infirmiers.

Sur la sécurité, Elisabeth Borne annoncera notamment un renforcement des moyens du plan Shikandra de lutte contre l'immigration irrégulière.

Reste à savoir si ces mesures seront à la hauteur des attentes des habitants.

La députée indépendante Liot Estelle Youssouffa, qui veut restreindre le droit du sol, que la droite veut supprimer sur l'ile, met en garde contre un discours "compassionnel" qui serait mal reçu compte tenu de la "volatilité de la situation". "La population est excédée face à la lenteur, l'apparente impuissance de la loi".

文-L.Wén--THT-士蔑報