

Abandon d'un grand projet photovoltaïque en Guyane: l'autonomie énergétique reste l'objectif
L'abandon d'un projet photovoltaïque phare en Guyane marque une volonté dans le département amazonien de concentrer les investissements sur la sécurisation du réseau et son rééquilibrage territorial, plutôt que sur la production.
TotalEnergies, porteur du projet depuis 2019, a justifié samedi son retrait par le contenu du projet révisé de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) de la Guyane pour 2023-2028.
La centrale photovoltaïque Maya, qui devait voir le jour près de Cayenne (est), combinait une centrale solaire et des batteries de stockage mais le groupe gazier et pétrolier a jeté l'éponge.
D'après le document consulté par l'AFP, le projet révisé de PPE maintient cependant des ambitions en matière de développement de l'énergie solaire en Guyane, et d'autonomie énergétique du département, qui abrite le pas de tir aérospatial de Kourou.
Pour l'instant en phase de consultation publique, ouverte du 10 février au 10 mai, le document qui a déjà pris du retard, devrait être validé par décret début 2026, selon la collectivité territoriale de Guyane.
Son objectif principal est d'atteindre une production électrique 100% décarbonée d'ici 2027 pour les communes du littoral reliées au réseau de distribution.
Après plusieurs mois de travaux en comité technique, les grandes orientations du texte ont été présentées aux porteurs de projet privés le 10 février.
Lors de cette présentation, à laquelle l'AFP a assisté, les énergéticiens ont dénoncé un manque de concertation et déploré que le texte soit déjà largement ficelé à l'avance et modifiable seulement "à la marge", a notamment pointé Arnaud Flament, directeur de Voltalia Guyane et président du syndicat des énergéticiens de Guyane.
Déjà largement consacré dans la dernière programmation énergétique 2016-2023, le développement du photovoltaïque comme source de production d'électricité est à nouveau plébiscité dans la nouvelle feuille de route énergétique guyanaise 2023-2028, d'après le document.
Actuellement, le solaire fournit 114 MW, soit un tiers de l'énergie produite en Guyane : la prochaine PPE vise 150 MW d'énergie solaire en 2028 et 175 MW en 2033.
Cette source de production est celle qui est censée connaître la plus grande augmentation, aucun projet hydroélectrique n'étant prévu et les autres restant marginales, selon le projet de PPE révisée.
En revanche, les autorités guyanaises, engagées dans un rattrapage infrastructurel de l'ouest du département, orientent les projets vers cette partie du territoire.
Ainsi, aucun projet de production de puissance pilotable autour de Cayenne, situé à l'est, n'est inscrit dans la PPE 2023-2028. Ce qui justifie, selon TotalEnergies, l'abandon de Maya qui devait être implanté à 15km de la ville-capitale et fournir 20 MW.
"Compte tenu de la structure du réseau de transport alimentant l'agglomération de Cayenne, (...), les 20 MW de garantie ne sont pas nécessaires", justifie la collectivité territoriale de Guyane (CTG) dans la PPE.
D'autant qu'une centrale électrique EDF d'une puissance de 120 MW, fonctionnant au biocarburant, est en cours de construction au Larivot, également près de Cayenne.
Ce projet de 600 millions d'euros, un temps contesté en justice, doit entré en service en 2026, pour "sécuriser l'approvisionnement en énergie" et non "servir de base de production d'électricité pour la Guyane", assure EDF.
Mais, pour les énergéticiens, la centrale du Larivot vient concurrencer les projets de renouvelables privés du territoire.
Par ailleurs, la planification énergétique envisagée concentre davantage les investissements sur la sécurisation du réseau, fragile en raison d'un faible maillage, que sur la production d'énergie, toujours selon le document.
Des investissements très importants vont être engagés pour stabiliser la distribution, en doublant notamment l'unique ligne haute tension de 90 volts qui alimente l'Ouest du territoire et la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, régulièrement sujette aux coupures de courant.
La mise en service de cette nouvelle ligne est prévue pour 2033.
Deux postes sources seront également construits dans l'Ouest pour "sécuriser l'alimentation" dans cette partie de la Guyane.
Au total, d'ici 2033, il est prévu en Guyane 5,716 milliards d'euros d'investissements et d'exploitation-maintenance, répartis entre les collectivités et les entreprises.
Avec comme objectif pour ce département français en Amérique du Sud : être autonome en production d'énergie et faire en sorte que cette production soit à 100% assurée par des énergies renouvelables, contre 72% en 2023.
李-X.Lee Li--THT-士蔑報