Trump suspend les droits de douane pour le Canada et le Mexique, maintient la pression sur la Chine
Donald Trump a suspendu lundi pour un mois son projet d'imposition de droits de douane au Canada et au Mexique, après l'annonce d'un renforcement de la lutte contre le trafic de fentanyl dans ces deux pays.
Le président américain doit également s'entretenir très prochainement avec la Chine, contre laquelle il agite l'éventualité d'une guerre commerciale si elle ne prend pas des mesures similaires.
Le milliardaire s'est dit "très satisfait" des négociations avec le Canada, sur son réseau Truth Social.
Un accord a été trouvé avec le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui a confirmé la mise en oeuvre d'un plan déjà annoncé depuis des semaines. Le pays doit consacrer 1,3 milliard de dollars pour renforcer la surveillance de sa frontière avec les Etats-Unis, notamment avec des hélicoptères.
Ottawa s'engage également à nommer un responsable entièrement dédié à la lutte contre le trafic de fentanyl - un opioïde meurtrier -, et lancera une force d'intervention conjointe avec les Etats-Unis contre le crime organisé, a expliqué M. Trudeau sur X.
Le Canada prévoit aussi d'inscrire les cartels sur sa liste des organisations terroristes, comme l'a fait M. Trump lors de son retour au pouvoir.
Un peu plus tôt dans la journée, le président américain est parvenu à un "deal" temporaire similaire avec la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum, lors d'une conversation qu'il a qualifiée d'"amicale".
Le Mexique s'est engagé à envoyer 10.000 soldats supplémentaires à la frontière avec les Etats-Unis "pour stopper le flot de fentanyl et de migrants illégaux" aux Etats-Unis, a souligné le milliardaire républicain.
En échange de quoi, le projet américain d'imposition de droits de douane de 25% est également suspendu pour un mois, comme pour le Canada.
- Appels au boycott -
Donald Trump, qui a déclaré à de nombreuses reprises que "tariff" (droit de douane) était l'un des plus beaux mots du dictionnaire, ne cache pas y avoir recours comme une arme de négociation pour obtenir des concessions.
Son choix de temporiser sera probablement accueilli avec soulagement par Wall Street, qui a terminé dans le rouge lundi, effrayée par la possibilité de droits de douane américains sur les produits provenant du Canada et du Mexique.
Le Mexique et le Canada avaient annoncé des mesures de rétorsion, augurant d'une guerre commerciale avec leur voisin d'Amérique du Nord. Imprévisible, un tel scénario fait craindre des pertes d'emplois et des augmentations de prix dans toute la région.
Justin Trudeau avait encouragé ses compatriotes à acheter des produits locaux et à passer leurs vacances sur le sol national.
Sur les réseaux sociaux, des listes de produits américains à boycotter circulent largement et des provinces cesseront dès mardi de vendre toutes les boissons alcoolisées américaines dans les magasins qu'elles contrôlent.
Lundi soir, la province canadienne de l'Ontario a renoncé à bannir les entreprises américaines des contrats publics, après l'annonce de l'accord américano-canadien.
"Nous avons temporairement évité des droits de douane qui auraient gravement endommagé notre économie, donnant du temps aux négociations et pour permettre aux esprits de se calmer", a déclaré Doug Ford, le Premier ministre de l'Ontario.
- Suspense pour la Chine -
Reste à savoir si Donald Trump va exécuter son projet contre la Chine, à qui il menace d'imposer 10% supplémentaires sur les droits de douane déjà existants.
"Les guerres commerciales ne font pas de gagnant", a déclaré lundi l'ambassadeur chinois à l'ONU, Fu Cong, ajoutant qu'il ne pensait pas que rehausser les droits de douane "bénéficie aux Etats-Unis eux-mêmes".
Lundi, Donald Trump a assuré que des discussions entre les Etats-Unis et la Chine interviendraient "probablement dans les prochaines 24 heures".
Le Mexique, le Canada et la Chine sont les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis et représentent au total plus de 40% des importations du pays.
Lundi, le conseiller économique de la Maison Blanche Kevin Hassett a indiqué sur CNBC que la question n'est pas celle d'une guerre commerciale mais d'une "guerre contre la drogue".
La production de précurseurs chimiques du fentanyl en Chine, ensuite utilisés par les cartels mexicains pour fabriquer cet opioïde de synthèse meurtrier, est un phénomène bien documenté.
En revanche, le rôle du Canada dans ce trafic est extrêmement limité. Selon les chiffres officiels des services frontaliers américains, moins de 1% du fentanyl saisi aux États-Unis l'année dernière est arrivé du Canada.
彭-C.Péng--THT-士蔑報