Avec son album country, le triomphe tant attendu de Beyoncé aux Grammy
Après tant de tubes, d'albums à succès et de récompenses, Beyoncé a enfin reçu le prix le plus prestigieux des Grammy Awards, celui de l'album de l'année, une reconnaissance attendue depuis de nombreuses années par la chanteuse.
Elle était déjà l'artiste la plus récompensée de l'histoire de cet équivalent des Oscars pour la musique américaine, grâce à ses multiples trophées dans des catégories mineures. Mais elle avait jusqu'ici toujours été ignorée pour le prix ultime, au profit d'interprètes blancs – Taylor Swift, Adele, Harry Styles et Beck.
"Cela fait de nombreuses années", a lâché la chanteuse de 43 ans sur scène, visiblement soulagée.
Avec cette victoire, "Queen B" devient la quatrième femme noire à remporter le Grammy du meilleur album, après Lauryn Hill, Natalie Cole et Whitney Houston.
"D'un côté, je me dis +enfin+!", confie à l'AFP Birgitta Johnson, professeure d'histoire de la musique à l'université de Caroline du Sud.
"De l'autre - et la raison pour laquelle certains de nous sommes stupéfaits - c'est que nous comprenons les obstacles qu'elle a dû surmonter dans l'industrie et la société dans son ensemble, même si elle a eu un impact sur les deux comme personne au 21e siècle", ajoute-t-elle.
- "Grande victoire" -
L'année dernière, son mari Jay-Z avait vivement critiqué les Grammy Awards pour l'avoir ignorée pour le prix de l'album de l'année, lançant: "Réfléchissez à ça, plus grand nombre de Grammys, pas une fois album de l’année, quelque chose cloche".
Cette année, le rappeur n'a pas caché sa joie, trinquant sa flûte de champagne avec Taylor Swift, qui a elle déjà remporté quatre fois la récompense reine.
Sur scène, Beyoncé a dédié son prix à Linda Martell, la première artiste noire de country à connaître un succès commercial.
"J'espère que nous continuerons à aller de l'avant, à ouvrir des portes", a déclaré la chanteuse, qui a également gagné deux prix dans les catégories country.
Ce prix est "une grande victoire pour Beyoncé", affirme Lauron Kehrer, musicologue, un succès qui "reflète également la prise de conscience et la reconnaissance grandissantes pour les artistes noirs dans la country".
Son huitième album studio, "Cowboy Carter", dépoussière l'image d'un genre longtemps dominé par des hommes blancs et conservateurs.
En 27 morceaux, elle rend hommage à ses racines texanes tout en faisant la part belle à un mélange de genre, de la dance à la soul en passant pas le gospel.
"Je pense que le genre est parfois un mot de code qui nous maintient à notre place en tant qu'artistes. Et je veux juste encourager les gens à faire ce qui les passionne", a-t-elle déclaré sur scène.
- Nouvelle tournée -
Outre Beyoncé, Kendrick Lamar a triomphé dimanche avec une double victoire historique: chanson et "enregistrement" de l'année pour son tube au vitriol contre le rappeur canadien Drake, "Not Like Us".
Chappell Roan, qui revendique son identité queer et s'inspire des drag queens, a elle ébloui la cérémonie juchée sur une réplique de poney rose pour interpréter son tube "Pink Pony Club" et reçu le prix de la révélation de l'année.
"C'est excitant de voir que la pop queer et le hip-hop, des genres de musique issus de groupes marginalisés, et qui leur font écho, gagnent autant de prix cette année", décrit Lauron Kehrer, et d'ajouter: "dans le climat politique actuel, cela reflète que les Américains accordent de l'importance à la diversité des voix et des points de vue."
Pour Lauron Kehrer, le prix du meilleur album de rap remis à Doechii - seulement la troisième femme à remporter ce prix - puis celui de la meilleure performance de rap mélodique pour Rapsody et Erykah Badu marquent un changement dans les votes des Grammy.
"Même à l'intérieur des genres, de plus en plus de personnes sont reconnues", affirme Lauron Kehrer ajoutant que "+Cowboy Carter+ fait également partie de ce changement".
Après son triomphe aux Grammy, Beyoncé a maintenant du pain sur la planche: la vedette américaine a dévoilé une nouvelle tournée pour 2025.
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