Boeing relève de nouveau son offre pour mettre fin à la grève
Le constructeur aéronautique américain Boeing a relevé, encore une fois, les conditions du projet d'accord social négocié avec le syndicat des machinistes (IAM), afin de mettre un terme à la grève qui dure depuis sept semaines et qui paralyse ses deux principales usines.
L'IAM-District 751, branche locale qui représente les plus de 33.000 ouvriers en grève depuis le 13 septembre dans la région de Seattle (nord-ouest), a indiqué sur son site internet que ses membres allaient voter lundi et leur a "recommandé" de le ratifier.
L'offre présentée jeudi prévoit une augmentation des salaires de 38% sur les quatre ans de la durée de l'accord social et relève la prime de ratification à 12.000 dollars, au lieu des 7.000 dollars prévus dans le projet précédent, a détaillé Boeing dans une communication distincte.
"Votre syndicat soutient et vous recommande le dernier projet d'accord social IAM/Boeing. Il est temps pour nos membres de verrouiller ces gains et de déclarer, en toute confiance, victoire", a relevé le syndicat, qui n'avait pas appelé à approuver la précédente offre.
Il s'agit de la quatrième offre faite par Boeing depuis début septembre, mais la troisième sur laquelle les membres sont appelés à voter.
- Autres conditions inchangées -
Ils ont rejeté à près de 96% une première offre le 12 septembre, qui prévoyait une hausse des salaires de 25%, puis une deuxième le 23 octobre qui proposait 35% mais qui a été rejetée à 64%.
Le syndicat réclamait depuis l'ouverture des discussions en mai une hausse de 40%.
"Nous pensons que demander à nos adhérents de faire grève plus longtemps ne serait pas convenable car nous avons eu tant de réussite", a poursuivi le syndicat.
"Nous encourageons tous nos employés à prendre davantage de renseignements sur l'offre améliorée et à voter lundi 4 novembre", a plaidé l'avionneur, soulignant que le salaire moyen annuel des syndiqués allait passer de 75.608 dollars actuellement à 119.309 en 2028.
Les autres conditions restent inchangées, comme l'engagement de construire le prochain avion - attendu en 2035 - dans la région de Seattle, où Boeing a vu le jour en juillet 1916, les abondements du groupe au plan de retraite par capitalisation mis en place en 2014 et la prime annuelle (4% du salaire annuel).
- Pas de retour en arrière -
Pas de rétablissement donc de l'ancien système de retraite, condition sine qua non pour de très nombreux grévistes à leur approbation de l'accord social. Mais, pour Boeing, ce retour en arrière est inconcevable car ""excessivement cher".
Reste à savoir si les nouvelles conditions vont être suffisantes pour convaincre les irréductibles de ratifier ce texte. Une majorité simple est suffisante.
La fin de la grève est cruciale pour Boeing, en grandes difficultés financières car le mouvement social paralyse les deux usines produisant le 737 - son avion vedette -, le 777, le 767 et plusieurs programmes militaires.
Seule l'usine du 787 Dreamliner, située en Caroline du Sud, fonctionne mais elle ne produit ces temps-ci que quatre avions par mois. Or environ 60% du prix des avions est versé à la livraison.
- Surveillance renforcée -
Le groupe a pris une série de mesures depuis mi-septembre pour préserver sa trésorerie. Il a annoncé mi-octobre une réduction de 10% de ses effectifs mondiaux (près de 171.000 fin 2023) dans les prochains mois.
Et, pour la renflouer et éviter d'être relégué par les agences de notation dans la catégorie des investissements spéculatifs, il a lancé cette semaine une augmentation de capital géante qui devrait lui rapporter au moins 21 milliards de dollars.
L'avionneur avait déjà du mal à se remettre des conséquences des crashes de 2018 et 2019, qui ont fait 346 morts, et de la pandémie quand des problèmes de qualité de sa production se sont multipliés.
Ils ont culminé avec un incident en vol début janvier sur un 737 MAX 9, qui n'a fait que des blessés légers mais qui a été révélatrice et a entraîné une surveillance renforcée de la part du régulateur FAA.
La FAA a notamment exigé des mesures d'amélioration de la conformité des avions qui ont fortement ralenti les chaînes d'assemblage et donc les livraisons.
Boeing a annoncé le 23 octobre sa pire perte trimestrielle en quatre ans, plus de 6 milliards de dollars entre juillet et septembre.
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