Wall Street dérape, gueule de bois après la Fed
La Bourse de New York évoluait en très forte baisse jeudi, revenue de l'euphorie qui avait suivi mercredi l'annonce d'une hausse marquée du taux de la Fed et les commentaires de son président.
Vers 15H20 GMT, le Nasdaq était aux abois, lâchant 4,51%, tandis que le Dow Jones cédait 2,87% et l'indice élargi S&P 500, 3,36%.
La tonalité contrastait avec l'enthousiasme qui avait soufflé sur la fin de la séance de mercredi, suscité par des commentaires du président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, plus que par la hausse du taux directeur de la Fed d'un demi-point, déjà largement intégrée par les investisseurs.
Le responsable a notamment écarté la perspective d'un relèvement de 0,75 point de pourcentage lors d'une prochaine réunion, alors que les opérateurs évaluaient jusqu'ici à 99% la probabilité d'un tel scénario lors de la prochaine réunion de la Fed, en juin.
Pour autant, après ce soulagement collectif, "le marché se réveille et réalise qu'aucun des problèmes structurels qui l'ont fait baisser n'a été résolu", a souligné Adam Sarhan, de 50 Park Investments.
"L'inflation reste élevée, a-t-il détaillé, la Fed va continuer à monter ses taux et le tableau d'une croissance ralenti n'a pas changé."
Pris dans le courant vendeur, les géants américains de la tech se repliaient massivement, à l'instar d'Apple (-4,19%), Microsoft (-4,79%) ou Amazon (-7,13%). Depuis la publication de ses résultats, il y a une semaine, ce dernier a perdu près de 20% et effacé plus de 280 milliards de dollars de capitalisation.
L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, bondissait de plus de 21%.
Les indices n'ont pas été aidés par deux mauvais indicateurs, le premier faisant état d'une légère hausse, supérieure aux attentes, des inscriptions hebdomadaires au chômage, l'autre d'un recul de la productivité aux États-Unis au premier trimestre.
Sur le marché obligataire, après s'être brusquement détendus dans la foulée de la conférence de presse de Jerome Powell, les taux remontaient jeudi.
Le rendement des emprunts d'État américains à dix ans a ainsi repassé le seuil symbolique de 3%, qu'il avait déjà franchi brièvement lundi, pour la première fois depuis fin 2018.
Pour Adam Sarhan, les investisseurs redoutent d'assister à une "récession des résultats" des entreprises cotées à Wall Street, déclinaison du ralentissement économique déjà à l'œuvre aux États-Unis.
Un sentiment alimenté par les prévisions prudentes, voire franchement pessimistes, de plusieurs sociétés qui ont publié leurs résultats trimestriels mercredi et jeudi, en particulier dans le secteur du e-commerce.
Le site de vente en ligne eBay reculait ainsi (-9,08% à 49,48 dollars) malgré un chiffre d'affaires et un bénéfice supérieurs au consensus de Wall Street, les observateurs retenant surtout les projections du groupe pour le deuxième trimestre, inférieures à celles du marché.
La plateforme de commerce en ligne Shopify s'effondrait également dans les premiers échanges (-16,88% à 403,54 dollars), après la publication d'un chiffre d'affaires très inférieur aux attentes, ainsi qu'une perte sensiblement supérieure.
Twitter bénéficiait (+3,61% à 50,83 dollars) de la communication d'Elon Musk, qui est parvenu à lever sept milliards de dollars auprès d'investisseurs pour financer le rachat de la plateforme.
Cette somme, récoltée auprès de fonds et d'investisseurs fortunés comme l'entrepreneur Larry Ellison ou le prince saoudien Al-Walid ben Talal, va permettre de réduire le montant emprunté auprès de banques pour l'opération.
Snap (-8,60%), Meta (maison mère d'Instagram, -6,48%) ou Alphabet (maison mère de YouTube, -4,70%) partaient en marche arrière après que leur plus féroce concurrent, TikTok, a révélé mercredi qu'il allait mettre en place un système de partage des revenus publicitaires avec les créateurs les plus populaires de la plateforme.
林-L.Lín--THT-士蔑報