Le Pen-Macron: remous à Marianne autour d'une "Une" jugée trop partisane
La Une du numéro de Marianne, à paraître jeudi, se positionnant clairement contre Marine Le Pen, a provoqué l'indignation de la société des rédacteurs de l'hebdomadaire, dénonçant une "ingérence" de l'actionnaire, démentie mercredi par la direction de la rédaction.
Mardi soir, la société des rédacteurs de Marianne s'était emportée contre une "atteinte inédite à son indépendance", affirmant que l'actionnaire principal de l'hebdomadaire, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, était intervenu pour modifier la Une du numéro de jeudi.
Dans son communiqué, la société des rédacteurs présentait la version initiale de la Une, où était écrit sur une photo des yeux d'Emmanuel Macron "la colère..." et sur celle des yeux de Marine Le Pen "....ou le chaos ?".
La version qui sera publiée jeudi reprend les mêmes photos du haut du visage des deux candidats à la présidence, mais avec une titraille légèrement différente: "Malgré la colère.... éviter le chaos".
Selon la société des rédacteurs de Marianne, "le contenu initial de ce qui devait apparaître sur cette Une avait été établi à l'issue de deux réunions collégiales associant la direction et l'ensemble de la rédaction". "Un consensus clair s'était dégagé pour établir une distinction factuelle entre les deux candidats sans pour autant dicter leur conduite à nos lecteurs", ajoute-t-elle.
Dans une lettre publiée mercredi sur Twitter, la directrice de la rédaction, Natacha Polony, estime quant à elle que le titre de la version finale "traduit la lecture journalistique que nous faisons de la situation politique de la France, développée dans l'éditorial du journal".
"J'ai cependant décidé d'entendre l'ensemble des sensibilités composant l'équipe rédactionnelle, tout en étant attentive aux souhaits du groupe CMI [appartenant à Daniel Kretinsky] de ne laisser planer aucune ambiguïté quant à la position de notre hebdomadaire", précise-t-elle.
Dans son communiqué, la société des rédacteurs de Marianne estimait que l'"ingérence" de l'actionnaire majoritaire de l'hebdomadaire, Daniel Kretinsky, "constituait une attaque grave contre l'indépendance éditoriale de Marianne".
Le milliardaire tchèque, Daniel Kretinsky, entré au capital de grands médias français à partir de 2018, contrôle l'hebdomadaire Marianne par le biais de CMI France, filiale de Czech Media Invest (CMI).
Contacté par l'AFP, Etienne Bertier, président du conseil de surveillance de CMI France, a indiqué que M. Kretinsky "ne fera pas de commentaire" sur le communiqué de la société des rédacteurs de Marianne, tout en réaffirmant sa confiance à Natacha Polony.
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