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JO-2024: le casse-tête de la sécurité privée
JO-2024: le casse-tête de la sécurité privée / Photo: CHRIS HELGREN - POOL/AFP/Archives

JO-2024: le casse-tête de la sécurité privée

Pas assez d'agents, pénurie de femmes, salaires au ras des pâquerettes: à deux ans des JO-2024 de Paris, l'Etat et les organisateurs se creusent la tête pour dénicher un nombre suffisant d'agents de sécurité privée aux côtés des forces publiques.

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Dans toutes les têtes: ne pas réitérer la "cata" des JO de Londres en 2012, quand les Britanniques ont dû faire face à la défaillance de la société de sécurité privée G4S, à trois semaines de l'ouverture, et recourir en urgence à l'armée...

D'où l'idée d'anticiper au maximum pour trouver quelque 22.000 agents pour sécuriser les sites de compétition. Au total, 35.000 seraient nécessaires pour tous les événements liés aux Jeux (26 juillet-11 août), comme les fan zones par exemple, à côté des policiers et gendarmes (estimés à 30.000), militaires (10.000) et agents de police municipaux.

La tâche est inédite. "On ne les a pas", explique à l'AFP Bernard Thibault, ex-secrétaire général de la CGT, qui siège, avec une voix consultative, au Comité d'organisation des JO-2024 (Cojo).

Le Cojo a lancé lundi les appels d'offres liés à la sécurité privée.

"On a fait le choix de lancer tôt les appels d’offres pour offrir à la filière le maximum de visibilité sur nos besoins, qualitatifs et quantitatifs, afin qu’elle puisse se positionner sur des lots", a expliqué le Cojo à l'AFP.

- Tout le monde "phosphore" -

Dans ce secteur atomisé et rongé par le turn-over, "les employeurs sont déjà à la course pour recruter", observe Alain Bouteloux, sécrétaire fédéral prévention sécurité FO. "Je n'ai pas l'impression qu'on aura le nombre suffisant, même si tout le monde phosphore au ban et à l'arrière-ban de l'Etat", a-t-il ajouté.

Il faut dire que le Covid "a enlevé au moins 20% des effectifs", explique à l'AFP Mustafa Abba-Sany, président de l'Organisation des professionnels de la sécurité évènementielle. Sur les 300.000 titulaires d'une carte professionnelle, environ 170.000 sont actifs.

Pour essayer d'attirer des candidats, l'Etat a décidé de lancer une formation spéciale grands événements, avec moins d'heures de formation (105 au lieu de 175).

Pour Bernard Thibault, "ce n'est pas la réponse appropriée" pour recruter. Il préférerait qu'aboutissent des "négociations de branche" sur des minima salariaux, discussions actuellement engluées.

Ce nouveau certificat de qualification professionnelle, dont le décret est sur le point de sortir, "a fait l'unanimité contre lui" chez les syndicats et le patronat, explique Alain Bouteloux (FO).

Mustafa Abba-Sany estime de son côté que cette nouvelle formation répond à la problématique spécifique de la sécurité dans l'événementiel. La délégation interministérielle aux JO (Dijop), qui se penche depuis des mois sur le sujet, avec notamment la coordination nationale pour la sécurité des JO (CNSJ), se défend de mettre en place une "formation au rabais".

- "Pas chaud pour y aller" -

Personne n'ignore que le "défi est immense", comme le dit la Dijop, pour sécuriser cet événement à plus de dix millions de spectateurs. La cérémonie d'ouverture à ciel ouvert sur la Seine donne aussi des sueurs froides à l'Etat.

Est-ce que les entreprises françaises seront intéressées par ce prestigieux défi olympique ? "On fait tout pour que des entreprises françaises puissent répondre aux besoins", explique la Dijop, excluant pour l'instant le recours à des sociétés étrangères.

"J'en connais certains qui sont pas chauds pour y aller. Il leur faudra les ressources, déjà l'été il y a les concerts, les campings...", explique M. Abba-Sany. Il faudra aussi également recruter en masse des femmes, seules autorisés à faire les palpations de sécurité sur le public féminin.

Autre défi logistique: "Tout le monde ne viendra pas d'Ile-de-France, il faudra trouver et loger des agents qui viendront pour trois semaines", explique M. Bouteloux. A noter que les appels d'offres lancés lundi n'autorisent qu'un seul niveau de sous-traitance, a précisé le Cojo.

Par ailleurs, "il y a quelque chose qui n'est pas compris par ceux qui ont une culture police et gendarmerie et qui disent: +vous pourrez redéployer des effectifs+", alors que "cela ne marche pas comme dans le public", s'inquiète un bon connaisseur du secteur de la sécurité.

Les besoins seront réactualisés à la fin de l'année. S'il le faut, le protocole de sécurité signé début 2021 avec l'Etat, et qui définit qui fait quoi, pourra être affiné, de même que les moyens financiers. La ligne budgétaire de la sécurité du Cojo est déjà passée de 182 à 295 millions d'euros fin 2020.

Au vu du raté de Londres, "l’hypothèse d’une défaillance" de la sécurité privée a été "prise en compte dans le protocole" et il est déjà prévu "l’étude le cas échéant de solutions complémentaires", assure le Cojo.

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