Le gel tenace dans le sud, Castex attendu dans le Tarn-et-Garonne
Le froid polaire qui a traversé la France depuis vendredi soir a persisté jusqu'à mardi matin dans certaines régions du sud, où le Premier ministre est attendu dans l'après-midi auprès d'arboriculteurs redoutant des pertes "catastrophiques".
Alors que la douceur était revenue dans le nord après la nuit d'avril la plus froide enregistrée depuis 1947, le gel s'est attardé dans la moitié sud du pays dans la nuit de lundi à mardi, selon Météo France.
Les températures les plus basses ont été enregistrées dans les Hautes-Alpes, où elles sont descendues jusqu'à -10,8 degrés Celsius. Le mercure est particulièrement descendu aussi à Formiguères dans les Pyrénées-Orientales (-10,4 degrés) ou encore à Apt dans le Vaucluse (-5,3 degrés).
Le gel a concerné moins de la moitié du territoire, d'après Jérôme Lecou, prévisionniste à Météo France, alors que 90% de la France a été affecté par des gelées la nuit précédente, inquiétant en particulier les arboriculteurs.
La filière du pruneau d'Agen encaisse "un nouveau coup dur", avec des dégâts "généralisés sur toute l'aire de l'IGP (Indication géographique protégée)" qui "semblent comparables voire plus importants que l'an passé", selon un communiqué du Bureau national interprofessionnel du pruneau.
"S'il est encore trop tôt pour évaluer finement les pertes, on estime que près de 70% de la récolte est d'ores et déjà compromise", estime la filière, rappelant qu'en 2021, la commercialisation avait pu se maintenir "en raison des stocks permettant de compenser en partie la perte de récolte".
En 2022, "la rupture d'approvisionnement est quasi-certaine" et c'est "toute la filière de l'amont à l'aval qui se voit à nouveau gravement impactée par un épisode qui +ne devrait arriver qu'une fois tous les 30 ans+", mais tend à se répéter plus souvent du fait du changement climatique.
- Des "annonces concrètes" attendues -
Le président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, Serge Bousquet-Cassagne, est encore plus pessimiste: l'an dernier, "On avait perdu 70% de la récolte, cette année on sera à 80-90%" pour les prunes et pruneaux.
Selon lui, les kiwis, dont les bourgeons ont été protégés par un système d'aspersion d'eau l'arrivée du gel, ont été également touchés avec de moins de dégâts. "Mais le coût de l'arrosage est ahurissant avec le prix actuel de l'énergie qui a augmenté de 60%, moi j'en suis pour 200 litres de gasoil chaque nuit", a témoigné Jean-Marc Poigt, qui préside Kiwi de l’Adour (400 producteurs Label rouge).
Dans le Tarn-et-Garonne, où se rendront Jean Castex et le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie dans l'après-midi, les trois nuits de températures négatives ont fait de gros dégâts.
"Concernant les fruits à noyau, c'est certainement pire que l'an dernier. On sera environ à 80% de pertes liées au gel", estime Alain Iches, président de la chambre d'agriculture du département, soulignant que ces chiffres sont encore à affiner.
Les noisetiers ainsi que les pommiers, dans une moindre mesure, ont aussi souffert du froid, affirme M. Iches, qui attend "des annonces concrètes sur les mesures de protection contre le gel" de la part du Premier ministre.
"Indéniablement, les productions qui ont le plus souffert sont (...) les fruits à noyaux", dans le sud, mais aussi localement dans le nord, a estimé Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA sur BFMTV, citant "les fameux pommiers de Normandie".
L'épisode de froid semble désormais presque terminé toutefois et Météo France a prévu "de très rares gelées" dans la nuit de mardi à mercredi.
Vient le temps des bilans, qui devront être affinés à mesure du redoux. Dans la vigne bordelaise, le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux Bernard Farges, "craint un impact du niveau de 2021", tout en estimant que "les vignes les moins avancées ont été épargnées".
L'an dernier, après un épisode exceptionnel de gel en avril, les récoltes d'abricots, de cerises et de poires avaient été amputées de moitié par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, selon le service statistiques du ministère de l’Agriculture. La production viticole avait aussi reculé à un "niveau historiquement bas": -19% sur un an et -14% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
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