Pakistan: au moins 56 morts dans un attentat contre une mosquée de Peshawar
Au moins 56 personnes ont été tuées et 194 blessées dans un attentat-suicide lors de la prière du vendredi dans une mosquée chiite de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, pays qui n'avait plus connu d'attaque aussi meurtrière depuis 2018.
Les chiites hazaras, minoritaires dans un pays majoritairement sunnite, sont régulièrement victimes d'attentats commis par des islamistes sunnites, qui les considèrent comme hérétiques.
L'explosion est survenue quelques minutes avant le début de la grande prière hebdomadaire dans cette mosquée située dans une rue étroite du quartier de Kocha Risaldar, près de l'historique bazar Qissa Khwani.
"Au total, 56 personnes sont mortes et 194 blessées. Les blessés incluent 50 patients dans un état critique", a déclaré à l'AFP Muhammad Asim Khan, un porte-parole de l'hôpital Lady Reading de Peshawar, capitale de la province du Khyber Pakhtunkhwa.
Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière commise au Pakistan depuis l'attentat ayant visé en juillet 2018 un meeting électoral à Mastung, dans la province du Baloutchistan (sud-ouest), qui avait fait 149 morts et avait été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).
"Deux assaillants ont tiré sur les policiers à l'entrée principale de la mosquée. Un policier est mort sur le coup et l'autre a été grièvement blessé", a expliqué à l'AFP le chef de la police de Peshawar, Muhammad Ijaz Khan.
"J'étais juste en dehors de la mosquée, quand j'ai vu un homme tirer sur deux policiers avant d'entrer dans la mosquée. Quelques secondes plus tard, j'ai entendu un grand bang", a raconté un habitant, Zahid Khan.
Un autre témoin, Ali Asghar, a dit avoir vu un homme "ouvrir le feu avec un pistolet" à l'intérieur de la mosquée, et "tuer les gens un par un et ensuite se faire exploser".
Un journaliste de l'AFP a vu des corps démembrés sur les lieux, pendant que les services de secours et des habitants s'activaient pour venir en aide aux victimes en les transportant sur leurs épaules.
A l'hôpital Lady Reading, ce journaliste a vu des dizaines de blessés amenés par les secouristes. A l'intérieur de l'hôpital, les brancards étaient ensanglantés et un grand nombre de femmes se précipitaient en pleurs dans les diverses salles à la recherche de proches.
Selon un de ses porte-parole, le Premier ministre Imran Khan a "fermement condamné" l'attentat, qui n'a pas encore été revendiqué.
- Le retour en force du TTP -
Peshawar, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l'Afghanistan, a été ravagée par des attentats quasi-quotidiens pendant la première moitié des années 2010, mais la sécurité s'y était grandement améliorée ces dernières années.
Ces derniers mois, la ville avait surtout connu des attaques ciblées visant d'abord les forces de sécurité.
Le Pakistan est confronté depuis quelques mois au retour en force du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, galvanisés par l'arrivée au pouvoir des talibans afghans en août en Afghanistan.
Le TTP, un mouvement distinct de celui des nouveaux dirigeants afghans mais qui partage avec lui des racines communes, a revendiqué plusieurs attaques depuis le début de l'année.
Né dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais, à la frontière avec l'Afghanistan, le TTP a tué en moins d'une décennie des dizaines de milliers de civils pakistanais et membres des forces de sécurité.
Une de ses pires atrocités, qui a durablement marqué la conscience nationale pakistanaise, fut le massacre d'environ 150 personnes, essentiellement des élèves, à Peshawar en décembre 2014.
Une opération militaire lancée par l'armée pakistanaise en 2014 avait permis de chasser le TTP des zones tribales. Mais il s'est redressé à partir de l'été 2020 et a depuis multiplié les attaques au Pakistan, cependant moins meurtrières que par le passé et visant principalement les forces de sécurité.
Les chiites au Pakistan ont aussi par le passé été visés par le groupe Etat islamique. Sa branche régionale, l'Etat islamique-Khorasan (EI-K), a revendiqué de nombreuses attaques dans le pays ces dernières années, comme l'assassinat au début 2021 de dix mineurs hazaras, ethnie de confession chiite, au Baloutchistan.
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