L'Ukraine dit contrôler Kharkiv, le nombre des réfugiés enfle
Les forces ukrainiennes ont affirmé dimanche avoir repoussé une percée russe à Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine où se déroulent des combats de rue, et le nombre de réfugiés approche les 400.000 alors que la pression internationale sur la Russie s'accroît.
Au quatrième jour de l'offensive russe, les forces ukrainiennes ont le plein contrôle de Kharkiv, ville du Nord-Est de 1,4 million d'habitants à la frontière russe, selon le gouverneur local Oleg Sinegoubov.
Kharkiv est sous notre contrôle total" a écrit M. Sinegoubov sur les réseaux sociaux, assurant qu'une "élimination des ennemis dans la ville" était en cours.
Dans la matinée, un journaliste de l'AFP avait fait état de combat de rues et vu des blindés russes, abandonnés ou en feu.
Plusieurs pays dont l'Allemagne, l'Italie, les pays scandinaves et la Belgique ont annoncé dimanche à leur tour la fermeture de leur espace aérien aux avions russes dont Paris étudie "le principe". La veille, les Occidentaux ont exclu des banques russes de la plateforme interbancaire Swift, une décision à laquelle s'est associé dimanche le Japon, et annoncé livrer davantage d'armes à l'Ukraine.
L'Ukraine a saisi la Cour internationale de justice de La Haye pour qu'elle ordonne à Moscou de cesser les hostilités, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
- "Légion internationale" -
"Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d'autres villes vivent dans des conditions qu'on n'avait pas vues sur nos terres (...) depuis la Seconde guerre mondiale", a lancé M. Zelensky, accusant la Russie de considérer les zones habitées "comme une cible légitime".
Depuis jeudi, quelque 368.000 réfugiés ont fui les combats en Ukraine pour les pays voisins et leur nombre "continue à augmenter", a annoncé le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. La Pologne en a compté quelque 156.000, et l'Allemagne a rendu gratuits les trains pour tous les Ukrainiens venant de ce pays.
Le pape François a appelé à l'ouverture "urgente" de couloirs humanitaires et demandé "que les armes se taisent" en Ukraine.
L'armée russe, dont le président Vladimir Poutine a salué dimanche "l'héroïsme", a reçu samedi l'ordre d'élargir son offensive au motif que Kiev avait refusé des négociations. Dans son sermon dominical, le patriarche orthodoxe russe Kirill a qualifié les opposants à Moscou en Ukraine de "forces du mal".
Le Kremlin, qui affirme vouloir mettre fin à un prétendu "génocide" de Russes en Ukraine, a accusé dimanche l'Ukraine de ne pas "saisir l'opportunité" de pourparlers après une nouvelle offre proposant de discuter au Bélarus, d'où la Russie a envahi son voisin.
- "Sabotage" -
M. Zelensky s'est dit prêt à négocier mais pas depuis ce pays qui sert de base arrière à l'armée russe, avant d'annoncer avoir discuté avec son homologue bélarusse Alexandre Loukatechnko.
Le président russe Vladimir Poutine a accusé dimanche l'Ukraine de ne pas "saisir l'opportunité" de ces pourparlers.
A Kiev, sous couvre-feu jusqu'à lundi 08H00 (06H00 GMT), la matinée a été calme après des affrontements durant la nuit "avec des groupes subversifs" selon le bureau du maire. Des soldats patrouillaient nerveusement dans les rues avec leurs armes sorties et des avions sillonnaient le ciel.
"Je ne peux pas dire que je n'ai pas peur", reconnaît Flora Stepanova, 41 ans, sortie respirer dans un parc, "mais c'est mieux que de rester devant la télévision et regarder les nouvelles tout le temps parce que ça rend fou".
A une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, des combats se poursuivent pour le contrôle de la base aérienne de Vassylkiv, empêchant à l'aube les pompiers d'intervenir pour éteindre l'important incendie d'un dépôt de pétrole frappé dans la nuit près de cette ville, selon le chef de l'administration de la région de Kiev, Oleksy Kouleba.
Selon l'état-major ukrainien, l'armée russe "n'a pas atteint" son "principal objectif (qui) est de verrouiller Kiev" et a recours "au sabotage" avec "des groupes de reconnaissance qui détruisent l'infrastructure civile".
De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir encerclé deux grandes villes du Sud, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290.000 et 110.000 habitants. "La ville de Guenitchesk et l'aérodrome de Tchernobaïevka près de Kherson ont également été pris sous contrôle", selon un communiqué.
- Un monde différent -
Il revendique également des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l'Est, soutenus par l'armée russe et qui ont avancé, selon Moscou, de 52 km depuis le début de l'offensive.
Au total, l'armée russe assure avoir détruit 975 installations militaires ukrainiennes.
Jusqu'à présent, le ministère russe de la Défense n'a pas évoqué d'offensive sur Kiev, faisant état de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d'avancées dans l'Est - où l'armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk - et dans le Sud ukrainien, où les forces russes sont entrées jeudi depuis la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.
L'Onu recensait samedi au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité.
Selon le ministère ukrainien de la Santé, au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1.115 personnes blessées depuis jeudi.
Des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats. Kiev, selon qui l'armée ukrainienne a tué plus de 4.300 soldats russes, a lancé un site internet permettant aux proches des soldats russes tués de connaître leur sort. Moscou garde le silence sur ses pertes.
Les Occidentaux se réservent "le droit d'imposer" de nouvelles sanctions à Moscou, a averti le chancelier allemand Olad Scholz tout en se disant toujours ouvert à des discussions. "Le monde d'après ne sera plus le même que le monde d'avant", a-t-il insisté.
- Nouvelles sanctions -
La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a aussi annoncé de nouvelles sanctions à venir contre les oligarques, estimant que le conflit pourrait durer "plusieurs années".
Dans leur nouveau train de sanctions adopté samedi, les Occidentaux ont notamment exclu de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale.
Ils ont aussi promis davantage d'armes pour l'Ukraine. L'Allemagne, rompant avec sa politique traditionnelle de refus d'exporter des armes létales en zone de conflit, va fournir un millier de lance-roquettes antichars et 500 missiles sol-air.
Washington promet une nouvelle aide militaire de 350 millions de dollars. Les Pays-Bas, la Belgique, l'Australie et la République tchèque fourniront des armes létales et la France une "livraison additionnelle d'équipements de défense".
La Grèce, qui accuse la Russie d'avoir tué des Ukrainiens de la minorité grecque, le Portugal et la Roumanie ont promis dimanche du matériel militaire.
La Fédération internationale de judo a annoncé la "suspension" du statut de président honoraire de M. Poutine. La Fédération tchèque de football refusera d'affronter la Russie en vue du Mondial-2022, à l'instar de la Pologne et la Suède.
Et le géant américain de l'internet Google a "suspendu" la possibilité pour les médias financés par l'Etat russe de générer de l'argent sur ses plateformes.
Une réunion des ministres européens de l'Intérieur se tient dimanche pour préparer à un possible afflux de réfugiés, suivie d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.
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宋-H.Sòng--THT-士蔑報