La Maison Blanche contre-attaque après une spectaculaire faille de sécurité
Un simple "pépin" selon Donald Trump, une opération de diversion politique selon ses communicants: la Maison Blanche a choisi mardi de contre-attaquer de manière agressive après une spectaculaire affaire de plans militaires divulgués par erreur à un journaliste.
Le président américain, entré en fonction en janvier, a estimé lors d'un appel téléphonique avec la chaîne NBC qu'il s'agissait du "seul pépin en deux mois, et au final sans gravité".
Il a ajouté que Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale dont le compte Signal est à l'origine de la fuite, avait "appris une leçon".
Allant plus loin, le service de presse de la Maison Blanche a ensuite publié un communiqué dénonçant "une tentative coordonnée de détourner l'attention du succès" des récentes frappes américaines contre les Houthis du Yémen.
Plus agressif encore, le directeur de la communication de la Maison Blanche, Steven Cheung, a écrit sur X: "Les forces anti-Trump essaient d'instrumentaliser des actes inoffensifs et de les tourner en faux scandale (...). Ne laissez pas les ennemis de l'Amérique s'en tirer à bon compte avec ces mensonges."
- Messagerie Signal -
"Il n'y avait pas d'informations classifiées partagées" a affirmé pour sa part la directrice du Renseignement, Tulsi Gabbard, assaillie de questions par les élus démocrates pendant une audition, prévue de longue date, au Sénat.
Elle a toutefois refusé de confirmer qu'elle était bien l'une des participantes de très haut niveau d'un groupe de discussion sur la messagerie Signal auquel le rédacteur en chef du magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, a été ajouté par erreur.
Le patron de la CIA, John Ratcliffe, auditionné en même temps que Mme Gabbard, a lui admis avoir participé à cette boucle de messages consacrée aux préparatifs d'attaques aériennes contre les rebelles houthis, menées finalement le 15 mars.
Il a toutefois défendu un usage "autorisé et légal" selon lui de cette application privée pour ces échanges entre le vice-président, JD Vance, le ministre de la Défense, Pete Hegseth et le chef de la diplomatie, Marco Rubio, parmi d'autres.
L'exécutif américain a donc choisi une posture de défiance, alors que l'opposition démocrate, qui peinait jusqu'ici à trouver un angle d'attaque contre Donald Trump, pilonne le gouvernement.
- "Négligent, imprudent, incompétent" -
Le sénateur démocrate Mark Warner a ainsi fustigé "l'attitude négligente, imprudente, incompétente" des lieutenants du président républicain.
Le journaliste Jeffrey Goldberg assure avoir vu un projet d'attaque détaillé, avec des informations sur les cibles et le déroulé de l'opération, qu'il n'a pas révélées dans son article paru lundi, au nom du souci de la sécurité nationale.
Il a aussi reproduit certains échanges hostiles envers les Européens, que JD Vance accuse de vouloir profiter à bon compte des opérations militaires américaines, ainsi que des émoticônes échangées par les plus hauts personnages de l'Etat américain pour se féliciter du succès des frappes.
"Vous parlez d'un soi-disant journaliste sournois et très discrédité qui a fait profession de colporter des canulars à maintes reprises", avait attaqué lundi le ministre de la Défense, Pete Hegseth.
- Alcool -
La nomination de ce présentateur de la chaîne Fox News à la tête du Pentagone avait été validée de justesse au Sénat, en raison de son manque d'expérience, et d'une histoire personnelle marquée par une accusation d'agression sexuelle et par des témoignages sur sa consommation d'alcool.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a elle aussi attaqué sur X le journaliste, selon elle "bien connu pour ses penchants sensationnalistes." The Atlantic est une publication réputée, souvent très critique de Donald Trump.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, avait fustigé lundi "l'une des plus stupéfiantes (failles de sécurité) depuis très, très longtemps", tandis que d'autres ténors de l'opposition ont attaqué l'incompétence des lieutenants de Donald Trump, choisis d'abord pour leur loyauté.
Le fondateur de Signal, messagerie prisée des journalistes pour la confidentialité qu'elle promet, ne s'est lui pas privé de vanter son produit sur X.
"Il y a beaucoup de bonnes raisons d'être sur Signal. L'une d'elles est désormais la possibilité pour le vice-président des Etats-Unis de vous inclure au hasard dans une discussion de groupe sur la coordination d'opérations militaires sensibles", a blagué Moxie Marlinspike.
張-C.Cheung--THT-士蔑報