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Des scientifiques aident à lutter contre le trafic de chimpanzés en étudiant leur ADN
Des scientifiques aident à lutter contre le trafic de chimpanzés en étudiant leur ADN / Photo: JOHN WESSELS - AFP

Des scientifiques aident à lutter contre le trafic de chimpanzés en étudiant leur ADN

Des scientifiques ont pour la première fois établi une carte des lieux de vie de chimpanzés sauvages grâce à l'étude de leur ADN, fournissant une reconstruction détaillée des migrations passées de ces espèces menacées, et un nouvel outil pour combattre le trafic illégal de ces animaux.

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Ce catalogue génomique, qui inclut 828 individus, peut être utilisé pour relier les chimpanzés kidnappés -- ou leur viande et membres -- à leur maison d'origine, avec une précision de 100 kilomètres, ce qui pourrait aider les forces de l'ordre luttant contre le braconnage.

Ces résultats ont été publiés mercredi dans la revue scientifique Cell Genomics.

"Si nous pouvons connaître la diversité génétique de ces espèces en danger et l'histoire de leur démographie passée, cela peut nous aider à mettre en place de meilleures stratégies de préservation", a dit à l'AFP l'auteure principale de cette étude, Claudia Fontsere, de l'Institut espagnol de biologie évolutive.

Des échantillons d'ADN ont été collectés dans des milliers d'excréments de chimpanzés, dans le cadre d'un programme s'étendant sur 48 lieux à travers l'Afrique de l'Ouest et centrale.

Les excréments sont très utiles pour étudier des espèces menacées car ils permettent de récolter de nombreuses informations tout en interférant au minimum avec les animaux.

Mais ils comportent aussi des défis techniques, car ils ne contiennent que peu d'ADN de leur propriétaire.

Pour surmonter cet obstacle, les chercheurs ont utilisé une nouvelle technique de séquençage d'ADN, appelée "target capture" en anglais, qui a d'abord été utilisée pour étudier les restes d'hommes de Néandertal, abîmés car vieux de milliers d'années.

Cette technique leur a permis de découvrir 50% de plus de variants d'un chromosome spécifique (le chromosome 21) par rapport à ce qui avait jusqu'ici été identifié. Grâce à cela, ils ont pu déduire l'histoire génétique des différentes populations de chimpanzés, améliorant considérablement la connaissance scientifique dans ce domaine.

Par le passé, seuls 59 génomes entiers de chimpanzés avaient été séquencés, en majorité d'animaux en captivité, ne fournissant que peu d'informations sur leur origine.

- Migrations complexes -

Comme les humains, les chimpanzés ont une histoire migratoire complexe. Les scientifiques ont ici pu remonter jusqu'à il y a 100.000 ans.

"Il y a eu énormément de débats pour savoir si les quatre sous-espèces de chimpanzés divergent vraiment entre elles ou si elles ont une continuité génétique", a expliqué à l'AFP l'une des auteures de l'étude, Mimi Arandjelovic, de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutive.

"Nous avons pu montrer, en utilisant différentes méthodes analysant des variations très anciennes et plus récentes, que leur histoire est complexe, tout comme la nôtre", a-t-elle ajouté.

Il apparaît que les sous-espèces de chimpanzés ont été séparées par le passé, mais ont également eu des périodes d'échanges génétiques -- ce qui aide à expliquer pourquoi les études précédentes ont souvent eu des conclusions différentes.

Les chercheurs ont observé que des barrières géographiques entre des sous-espèces ou certaines populations (lacs, rivières...) se traduisaient par des différences génétiques. Ils en ont également davantage appris sur les croisements avec le bonobo.

Un point important: de fortes connexions ont été identifiées entre les chimpanzés vivant dans l'Ouest de l'Afrique, montrant qu'il est crucial de préserver les ponts entre les forêts dans cette région, a souligné Mimi Arandjelovic.

Cette nouvelle carte pourrait aussi permettre d'identifier d'où viennent les chimpanzés illégalement capturés.

Même si les réintroduire dans la nature est une tâche difficile à cause des structures sociales complexes au sein de ces groupes d'animaux, il a été démontré que les individus s'en sortent mieux lorsqu'ils sont libérés près de leur lieu d'origine.

"Cela peut aider les forces de l'ordre à retracer leur route probable", a expliqué Claudia Fontsere.

Les scientifiques espèrent à l'avenir améliorer encore cette carte grâce à la collecte de nouveaux échantillons, et étendre cette technique d'analyse à d'autres primates.

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