Meurtres de trois fillettes: Starmer veut mieux lutter contre un "terrorisme" qui "a changé"
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est dit prêt mardi à changer la loi pour mieux lutter contre un "terrorisme" qui "a changé", au lendemain des aveux du meurtrier de trois fillettes fin juillet.
Cette attaque au couteau, qui a choqué le pays et provoqué les pires émeutes au Royaume-Uni depuis 13 ans, n'est pas jugée comme un acte "terroriste". Mais "si la loi doit être modifiée pour tenir compte de cette nouvelle et dangereuse menace, nous la modifierons rapidement", a déclaré M. Starmer lors d'une conférence de presse.
Lundi, à l'ouverture de son procès, Axel Rudakubana, 18 ans, a plaidé coupable des meurtres de Bebe King, 6 ans, Elsie Dot Stancombe, 7 ans, et Alice da Silva, 9 ans, poignardées le 29 juillet à Southport, dans le nord-ouest de l'Angleterre, lors d'un cours d'un danse inspiré de la star Taylor Swift.
Dix autres personnes avaient été blessées dans l'attaque, dont huit enfants.
Le fait qu'Axel Rudakubana ait plaidé coupable met fin au procès, qui devait initialement durer quatre semaines. Il sera fixé sur sa peine jeudi.
- "Décision erronée" -
Le meurtrier présumé, qui avait 17 ans au moment des faits, était connu des services sociaux et de la police depuis plusieurs années.
Diagnostiqué autiste, il avait été exclu de son école après l'agression d'un autre élève, et ses enseignants s'étaient inquiétés de son comportement à plusieurs reprises.
Il avait notamment été signalé dès l'âge de 13 ans, et à trois reprises, à un programme gouvernemental de prévention de l'extrémisme. Mais à chaque fois, les autorités compétentes ont estimé qu'il ne remplissait pas les critères pour être concerné.
"Une décision clairement erronée", a critiqué le dirigeant travailliste, qui a prévenu qu'il ne laisserait "aucune institution de l'Etat faire fi de ses manquements".
Axel Rudakubana a également admis avoir produit un poison extrêmement toxique, de la ricine, et avoir détenu un manuel d'entraînement d'Al-Qaïda.
"La vérité, c'est que cette affaire est le signe que la Grande-Bretagne est confrontée à une nouvelle menace. Le terrorisme a changé", a déclaré Keir Starmer, qui avait promis dès lundi d'apporter des "réponses" à ce drame.
"Dans le passé, la menace prédominante était constituée par des groupes très organisés ayant des intentions politiques claires, des groupes comme Al-Qaïda", a poursuivi le dirigeant travailliste.
"Si cette menace demeure, nous assistons aujourd'hui à des actes de violence extrême perpétrés par des loups solitaires, des marginaux, des jeunes hommes qui dans leur chambre consultent toutes sortes de choses sur internet (...) parfois inspirées par des groupes terroristes traditionnels", a-t-il détaillé.
- "Réponses indépendantes" -
Après le drame, de violentes manifestations anti-immigration avaient éclaté dans des dizaines de villes en Angleterre et en Irlande du Nord, attisées par des agitateurs d'extrême droite, après des rumeurs en ligne affirmant que le suspect était un demandeur d'asile arrivé par petit bateau.
Axel Rudakubana est né au Pays de Galles dans une famille chrétienne originaire du Rwanda.
Dans la foulée du procès, la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper a annoncé l'ouverture d'une enquête publique sur l'action des services de l'Etat concernant cette attaque.
"Nous avons besoin de réponses indépendantes", a-t-elle dit.
Cette décision a été saluée par la cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, qui a toutefois, tout comme le chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage, dénoncé le "silence" du gouvernement sur le profil de l'assaillant dans la foulée de l'attaque.
Des accusations balayées par Keir Starmer. Cet ancien procureur général pour l'Angleterre et le Pays de Galles a affirmé mardi que la divulgation d'informations pendant l'instruction aurait mis en péril le procès et le jugement.
"Personne ne m'aurait pardonné si je l'avais fait", s'est-il défendu, assurant s'être conformé à la loi britannique.
莊-X.Zhuāng--THT-士蔑報