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Automobile: pourquoi certains constructeurs européens demandent un délai sur les normes CO2
Automobile: pourquoi certains constructeurs européens demandent un délai sur les normes CO2 / Photo: Alain JOCARD - AFP/Archives

Automobile: pourquoi certains constructeurs européens demandent un délai sur les normes CO2

Les ventes de voitures électriques n'étant pas aussi fortes que prévu, certains constructeurs demandent de la flexibilité à l'Europe sur les normes d'émissions de CO2.

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Les constructeurs doivent respecter une moyenne annuelle d'émissions par voiture vendue, sous peine de lourdes amendes.

Cette norme dite CAFE (Corporate Average Fuel Economy) a été globalement respectée jusqu'ici: les constructeurs étaient notamment poussés par l'explosion des ventes de voitures électriques, mais aussi par l'amélioration des véhicules thermiques et hybrides.

Le CAFE doit être renforcé à partir de janvier 2025, à 93,6 grammes de CO2/km en moyenne (une Renault Clio thermique de base en émet 120 par exemple, une Clio hybride 95 et une Mégane électrique zéro).

Las, les ventes de voitures électriques ont commencé à baisser depuis la fin 2023, et représentent 12,5% des ventes de voitures neuves en Europe depuis le début de l'année.

Les électriques sont freinées par plusieurs facteurs: l'Allemagne a supprimé les bonus à l'achat, les modèles d'entrée de gamme arrivent tout juste sur le marché, et les acheteurs s'inquiètent d'autonomie limitée et de réseaux de recharge encore parfois insuffisants.

Le CAFE pousse les constructeurs à vendre moins de voitures thermiques, sur lesquelles les marges sont meilleures, mais aussi à baisser fortement les prix de leurs modèles électriques pour en augmenter les ventes.

Autrement, ils risquent jusqu'à 13 milliards d'euros d'amendes, ont averti le 13 septembre plusieurs constructeurs, selon un document informel cité par Bloomberg et Le Monde.

Le patron du groupe français Renault, Luca de Meo, qui préside aussi le lobby européen des constructeurs, l'ACEA, demande à l'Union européenne d'activer une rare procédure d'urgence pour décaler de deux ans l'application de ces règles renforcées sur les émissions de CO2.

- Flexibilité -

"Il faut qu'on nous donne un peu de flexibilité", avait plaidé M. de Meo début septembre. "Mettre simplement des échéances et des amendes sans avoir la possibilité de flexibiliser ça, c'est très dangereux".

Un temps pionnier de l'électrique, le groupe Renault affiche un faible taux de véhicules à batterie dans ses ventes et compte sur sa nouvelle R5 pour rebondir.

Le numéro 1 européen, l'allemand Volkswagen a de son côté enchaîné les déboires avec ses modèles électriques, et vient d'annoncer un plan d'économies drastique.

Selon le même document informel adressé à Bruxelles, pour éviter les amendes, les constructeurs devraient réduire leur production de véhicules thermiques de plus de deux millions d'unités, "soit l'équivalent de plus de huit usines européennes", avec les pertes d'emplois associées.

Les constructeurs pourraient aussi acheter des crédits d'émissions de CO2 auprès de constructeurs moins polluants. Le japonais Honda et la marque Jaguar avaient par exemple formé un groupement avec le roi de l'électrique, l'Américain Tesla, pour ne pas payer d'amendes.

Les industriels demandent également aux Etats d'augmenter les subventions à l'achat de véhicules électriques, qui ont dopé le marché à ses débuts.

Volkswagen et l'américain Ford sont pour le moment les plus éloignés de l'objectif CAFE 2025, avec environ 28 grammes de retard, par exemple, selon une analyse à paraître du groupe de réflexion Transport & Environnement (T&E). Ils pourraient acheter des crédits carbone à Tesla, ou au sino-suédois Volvo, qui respecte déjà les normes 2025.

De son côté, Renault pourrait atteindre l'objectif s'il vend plus d'électriques mais aussi plus de Renault Clio et Dacia Duster en versions hybrides.

Lors des échéances précédentes, la plupart des constructeurs passaient sous la barre juste à temps, indique T&E, soulignant qu'un délai supplémentaire serait contre-productif pour l'environnement comme pour l'industrie.

Le numéro 2 européen Stellantis valide cette analyse et met ses concurrents dos au mur: "du point de vue de la concurrence si chère à l'Union européenne, il serait surréaliste de changer les règles maintenant", a déclaré son patron Carlos Tavares dimanche dans un entretien à l'AFP.

"Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et donc maintenant on fait la course", a indiqué le directeur général de Stellantis, assurant que le groupe aux 15 marques (de Peugeot à Fiat) respecterait la norme sans acheter de crédits.

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