Biden rencontre la veuve de Navalny et sanctionne encore la Russie
"Un homme d'un courage incroyable": Joe Biden a présenté jeudi ses condoléances à la veuve et à la fille d'Alexeï Navalny, lors d'une rencontre à San Francisco, avant la révélation par son administration de nouvelles sanctions visant 500 entités liées à la "machine de guerre" russe.
Le président américain, en campagne électorale en Californie depuis mardi, s'est entretenu à l'écart de la presse avec Ioulia et Dacha Navalnaïa. Cette dernière, fille de l'opposant russe mort le 16 février en détention, étudie à l'université californienne Stanford.
"C'était un homme d'un courage incroyable et c'est extraordinaire de voir comment sa femme et sa fille reproduisent cela", a dit le démocrate de 81 ans lors d'une très brève intervention devant les caméras après la rencontre.
Celle-ci a eu lieu quelques heures avant que le gouvernement américain ait révélé de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie, visant plus de 500 entités liées "à ses soutiens et à sa machine de guerre".
Ces sanctions, qui seront précisées vendredi, représentent "la tranche la plus importante depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par Poutine", le 24 février 2022, a indiqué jeudi à l'AFP une porte-parole du département américain du Trésor.
- "Chantage" -
La Maison Blanche a publié deux photos, dont l'une montre Joe Biden serrant dans ses bras Ioulia Navalnaïa, qui a promis de poursuivre les combats de son mari.
Le démocrate de 81 ans a à nouveau accusé le président russe Vladimir Poutine d'être "responsable de la mort" de son opposant.
Washington a parallèlement appelé les Russes, par la voix d'un porte-parole, à "rendre" la dépouille de Navalny à sa mère Lioudmila Navalnaïa, présente en Russie.
"Légalement, ils auraient dû me rendre immédiatement le corps d'Alexeï", a dénoncé la mère de l'opposant dans une vidéo diffusée jeudi. "Au lieu de ça, ils me font du chantage".
Elle a annoncé jeudi avoir enfin vu le corps de son fils affirmant que les enquêteurs ont déjà établi la cause du décès, inscrite comme "naturelle", selon l'équipe de l'opposant.
"Ils ont commencé à me menacer. En me regardant dans les yeux, ils disent que si je refuse des funérailles secrètes, ils feront quelque chose de son corps. L'enquêteur (...) m'a dit ouvertement +Le temps joue contre vous, le cadavre se décompose+", a-t-elle poursuivi.
Pour la politologue russe Tatiana Stanovaïa, les autorités veulent éviter que des obsèques ne puissent se transformer en catalyseur pour les Russes opposés au Kremlin. "Ils rendront le corps mais à condition que les funérailles ne deviennent pas un évènement politique", a-t-elle écrit sur son compte Telegram.
L'équipe d'Alexeï Navalny, mort après trois années d'emprisonnement éprouvantes, accuse le Kremlin de l'avoir fait tuer et de chercher à dissimuler toutes les traces à ce sujet.
- "Hystérie" -
Comme les Américains, les Européens estiment que Vladimir Poutine et son gouvernement sont responsables de cette mort, des accusations qualifiées par Moscou de "grossières et infondées". Le président russe n'a pas fait de commentaires publics sur cette affaire.
L'Occident "agit comme s'il était à la fois procureur, juge et bourreau. L'hystérie s'agissant de la mort de Navalny le prouve", a fustigé jeudi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. "Ces gens n'ont aucun droit de s'ingérer dans nos affaires intérieures", a-t-il ajouté, en marge d'une réunion du G20 au Brésil.
A Washington, l'administration Biden assure que les sanctions "majeures" contre la Russie qui seront détaillées vendredi sont une réponse au décès d'Alexeï Navalny, mais aussi pour marquer les deux années écoulées depuis l'invasion de l'Ukraine.
Alors que les Occidentaux cumulent les sanctions visant Moscou depuis le début de la guerre, bon nombre d'experts estiment que la première puissance mondiale et ses alliés ne disposent plus d'une myriade d'options: la Russie a mis en place divers systèmes de contournement et se fournit en armement auprès de l'Iran et de la Corée du Nord.
Le ministère de la Justice américain a annoncé jeudi des inculpations d'oligarques russes, tandis que le Royaume-Uni a dévoilé des mesures contre plus de 50 personnalités et entreprises. Et les pays de l'Union européenne s'étaient eux mis d'accord mercredi sur un 13ème paquet de sanctions.
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