Au procès du meurtre de Jam Master Jay, figure du hip-hop, l'accusation dénonce "un guet-apens"
DJ du légendaire trio de hip-hop Run-DMC, Jam Master Jay a été tué en 2002 dans un "guet-apens" motivé par "la cupidité et la vengeance", a dénoncé lundi l'accusation, à l'ouverture à New York du procès de ce meurtre qui avait choqué la planète rap.
Plus de 20 ans après les faits, deux hommes, Ronald Washington, 59 ans, et Karl Jordan Jr, 40 ans, soupçonné d'avoir été le tireur, comparaissent devant un jury au tribunal fédéral de Brooklyn pour avoir tué le DJ dans son studio d'enregistrement du Queens à cause d'une affaire de drogue.
D'après la procureure, Miranda Gonzalez, Karl Jordan Jr a tiré au calibre 40 à la tête de Jam Master Jay, "tuant la victime sur le coup" dans un "crime sans pitié". Selon elle, Ronald Washington, également armé, a empêché les témoins de partir et les a forcés à se coucher par terre, avant de s'enfuir avec le tireur et un complice présumé qui avait laissé entrer les hommes par une porte arrière.
Le 30 octobre 2002, le DJ de 37 ans, père de trois enfants, "a été tué dans son propre studio, par des gens qu'il connaissait" et qui dépendaient financièrement de lui, a-t-elle ajouté.
- "Tragédie" -
Mais les deux accusés réfutent le crime. L'avocat du tireur présumé, John Diaz, a souligné lors de sa plaidoirie d'ouverture que "les récits ont changé au fil du temps" et de nombreux témoins ont refusé de coopérer avec les autorités pendant des mois, voire des années.
Un autre avocat de la défense, Ezra Spilke, a relevé que l'affaire se concentrait sur "10 secondes, il y a 21 ans". Et si son client profitait financièrement de la victime, "pourquoi mordre la main qui vous nourrit", a-t-il demandé.
"Mizell (le nom d'état civil de Jam Master Jay) était un artiste très apprécié, mais condamner la mauvaise personne (...) ça ne résout pas la tragédie. Ça ne fait qu'en rajouter une autre", a ajouté l'avocat.
La mort de Jam Master Jay dans son studio du Queens, l'arrondissement populaire où s'était formé Run-DMC au début des années 1980, avait été un immense choc pour l'univers du rap, et rappelé les morts violentes de deux autres géants, Tupac Shakur, assassiné à Las Vegas en 1996, et The Notorious B.I.G., tué à Los Angeles en 1997.
Ses funérailles dans la cathédrale d'Allen avaient été grandioses, réunissant le gotha du rap américain de l'époque, de LL Cool J à Queen Latifah, en passant par Chuck D (Public Enemy) et ses compères de Run-DMC, Joseph "Run" Simmons et Darryl "DMC" McDaniels, au milieu de plusieurs milliers de personnes.
- Pionniers -
Si le hip-hop avait déjà connu à l'époque ses premiers succès, avec les chansons "Rapper's Delight" (The Sugarhill Gang) ou "The Message" (Grandmaster Flash and the Furious Five), Run-DMC est souvent considéré comme l'un des premiers grands groupes de ce mouvement culturel né dans le Bronx en 1973 devenu dominant à travers le monde.
Avec ses tubes "It's like that" ou "It's Tricky" et leurs premiers albums "Run-D.M.C." (1984), "King of Rock" (1985) et "Raising Hell" (1986), le trio a aussi marqué une évolution vers un nouveau style de hip-hop, avec plus de sons rock et de textes politiques, à l'instar des Beastie Boys ou de Public Enemy.
Leur reprise du titre d'Aerosmith "Walk This Way", en duo avec le groupe de rock, est restée un morceau culte. Et le titre "My Adidas", suivi d'une collaboration de Run-DMC avec la marque de baskets, est aussi considéré comme le premier acte d'une longue histoire de partenariats entre les stars du hip-hop et le street wear.
Le meurtre de Jam Master Jay, devenu une figure du hip-hop et un révélateur de talents, était resté non élucidé pendant deux décennies, avant l'annonce en août 2022 par les procureurs de l'inculpation de Ronald Washington et Karl Jordan Jr, poursuivis aussi pour trafic de drogue.
Un troisième suspect, Jay Bryant, avait été inculpé en mai 2023, mais il sera jugé séparément et ultérieurement.
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