Thaïlande: jour de verdict pour le chef de file du mouvement pro-démocratie
Le leader du mouvement pro-démocratie en Thaïlande, Pita Limjaroenrat, attend mercredi une décision de la Cour constitutionnelle cruciale pour son avenir, avec le risque d'une condamnation qui pourrait le déchoir de son mandat de député.
Le verdict, attendu vers 14H00 (07H00 GMT), pourrait constituer un nouvel épisode de tensions dans un royaume déchiré entre des élites traditionnelles accrochées au pouvoir, et des jeunes générations en quête de renouveau.
"Je garde confiance dans la vérité et dans mon innocence", a déclaré aux journalistes Pita Limjaroenrat, 43 ans, à son arrivée à la cour.
"Il ne s'agit que d'un détour. Qu'importe le verdict, nous allons continuer à aller de l'avant", a-t-il poursuivi.
Mais l'ascension de l'ancien étudiant de Harvard, coqueluche des nouvelles générations, a suscité une levée de boucliers de ses opposants militaro-royalistes qui jugent son programme trop radical vis-à-vis de la monarchie.
L'avenir politique de "Pita", qui a perdu cet été le vote pour devenir Premier ministre du fait des sénateurs pro-armée, est suspendu à des procédures judiciaires devant la Cour constitutionnelle, considérée comme alignée avec les intérêts conservateurs.
Ses partisans ont dénoncé des manœuvres visant à décrédibiliser l'une des personnalités les plus populaires du pays.
Il est soupçonné d'avoir possédé des actions dans une chaîne de télévision durant la campagne électorale, en contradiction avec la loi thaïlandaise qui interdit aux candidats d'être impliqués dans la gestion d'organismes de presse.
- Le précédent Future Forward -
La chaîne en question, iTV, n'émet plus depuis 2007 et ne peut donc pas être reconnue comme média, s'est défendu Pita Limjaroenrat, qui a expliqué avoir hérité les parts de son père décédé.
M. Limjaroenrat risque la révocation de son mandat de député devant la Cour constitutionnelle. En cas de condamnation, la commission nationale en charge des élections peut transmettre l'affaire à la Cour suprême qui peut prononcer des sanctions plus fortes: jusqu'à dix ans de prison et vingt ans d'inéligibilité.
Au début de la procédure, les juges ont suspendu en juillet dernier M. Limjaroenrat de son mandat de député, le temps de l'examen.
Celui-ci s'est également mis en retrait de la direction du parti Move Forward.
Dans un entretien à l'AFP, début novembre, il avait assuré vouloir continuer à se présenter à l'avenir, tout en se disant "très confiant" sur le plan judiciaire.
La Cour constitutionnelle a joué un rôle important dans plusieurs des crises politiques qui agitent la Thaïlande de manière récurrente, notamment en prononçant la dissolution en 2020 de Future Forward, l'ancêtre de Move Forward.
Cette décision avait provoqué à l'époque de grandes manifestations réclamant la refonte d'un système jugé peu transparent et biaisé.
Le chef du mouvement, Thanathorn Juangroongruangkit, avait alors été banni dix ans de la vie politique.
Dans une autre affaire, quelques mois plus tôt, la Cour constitutionnelle avait déchu le célèbre opposant de son mandat de député, pour avoir possédé des actions dans un groupe de médias durant la campagne 2019.
Les juges doivent également rendre un verdict très attendu, le 31 janvier, au sujet d'accusations de lèse-majesté à l'encontre de Move Forward.
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