Les experts à la barre sur la personnalité de Monique Olivier, manipulable ou manipulatrice
"Egocentrique", "anxieuse", dépourvue d'empathie... Les experts psychologues se sont succédé à la barre mardi pour tenter de livrer des éclairages sur la personnalité "complexe" de Monique Olivier, jugée à Nanterre pour complicité dans les enlèvements et meurtres de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.
"Il m'a utilisée", avait affirmé l'accusée de 75 ans, au premier jour de son procès, le 28 novembre, devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, en évoquant sa relation avec son ex-mari, le violeur et tueur en série Michel Fourniret.
A la barre, un premier psychologue belge, Gauthier Pirson qui l'a expertisée en 2004, la décrit comme "dépendante, assez passive, soumise", ayant "peu d'empathie", sauf envers elle-même.
Pour un des experts français qui l'a analysée en 2005, Philippe Herbelot, Monique Olivier est "très égocentrique": "sa vie, son parcours, c'est la primauté du souci du soi et pas les autres".
Lui ne la décrit pas comme soumise à son mari, mais parle d'un "lien de dépendance entre les deux": Michel Fourniret avait besoin d'elle, et elle "découvrait qu'elle avait une place importante dans un mécanisme criminel".
"Il n'y a pas de sentiment de culpabilité" chez elle quand il l'expertise en 2005, ajoute-t-il: "jamais elle ne parle des victimes, jamais elle ne parle de la souffrance de ces petites filles".
"On ne peut pas exclure sa perversion", a-t-il ajouté.
"On est dans l'horreur absolue, et ça dure 16 ans", rappelle Me Didier Seban, qui défend des parties civiles.
- Bataille sur le QI -
Car Monique Olivier n'a jamais quitté Michel Fourniret, malgré les crimes.
Selon plusieurs experts, c'est à cause de sa peur "de la solitude", peur "qui lui est insupportable", et de sa "peur de l'abandon", liée à son enfance solitaire avec un père absent et une mère peu aimante, selon ce qu'elle a raconté aux experts.
Mais elle avait quitté son premier mari qu'elle accusait de violences, a rappelé l'avocat général, Hugues Julié.
"Je pense qu'au-delà d'une certaine limite" qui sont "les violences physiques" chez l'accusée, "la peur pour son intégrité physique" va "prendre le dessus" sur sa peur de l'abandon, a expliqué Gauthier Pirson.
Autre sujet de dissensions entre les experts: le quotient intellectuel (QI) de l'accusée.
Avant que la dernière évaluation de 2023, réalisée par un nouveau collège d'experts saisi par la juge d'instruction Sabine Kheris, ne lui trouve un QI de 92. Ces experts, Mickael Morlet-Rivelli, Olivier Dodier et Julie Gondrexon, ont d'ailleurs vivement critiqué le test réalisé par MM. Ployé et Herbelot, affirmant qu'ils avaient utilisé une "version obsolète" du test de QI.
Monique Olivier a une intelligence dans la moyenne, selon ces psychologues. Et de rappeler: "le QI n'a jamais été et ne sera jamais un indicateur de personnalité: ce n'est pas la même chose".
Ces trois experts ont d'ailleurs conclu, après avoir effectué plusieurs tests, que Monique Olivier était "égocentrique", avec une "personnalité qui se plaint tout le temps" et se dévalorise. Elle apparaît aussi "introvertie et anxieuse", avec une "incapacité chronique à apprendre de ses expériences", selon leurs résultats.
張-H.Zhāng--THT-士蔑報