Japon: peine de mort requise pour l'auteur de l'incendie meurtrier d'un studio d'animation en 2019
Le parquet a requis la peine de mort contre l'homme accusé de l'incendie criminel d'un studio d'animation à Kyoto (ouest du Japon) en 2019, qui avait causé 36 morts et déclenché une vague d'émotion et d'indignation, ont rapporté jeudi les médias nippons.
Shinji Aoba, 45 ans, avait reconnu être l'auteur de l'incendie lors de la première audience de son procès à Kyoto début septembre. Le verdict est attendu le 25 janvier prochain.
"Je ne pensais pas qu'autant de gens allaient mourir et je pense maintenant être allé trop loin", avait déclaré l'accusé au premier jour de son procès.
Et mercredi, il s'est aussi excusé pour la première fois: "Je me sens terriblement désolé et j'ai aussi un sentiment de culpabilité", a-t-il déclaré aux juges, selon des propos rapportés par la chaîne de télévision publique NHK.
"Je pense que je dois payer pour mon crime avec (cette peine)", a-t-il ajouté en étant interrogé sur le souhait des familles des victimes de le voir condamné à la peine capitale.
Lui-même avait été gravement brûlé dans le sinistre, survenu le 18 juillet 2019, et ses blessures ont nécessité de multiples opérations chirurgicales. Il comparaissait à son procès en fauteuil roulant.
Ses avocats ont plaidé non-coupable en arguant qu'il n'avait pas eu "la capacité de faire la distinction entre le bien et le mal" en raison de troubles psychiatriques.
Il a cependant été inculpé en décembre 2020 après avoir été considéré par les procureurs comme "pleinement responsable de ses actes" et mentalement apte à être jugé.
- "Rendez-moi ma fille" -
Shinji Aoba "en voulait à tort au studio Kyoto Animation, et le nombre de victimes est exceptionnellement élevé dans l'histoire de la justice pénale japonaise", a souligné jeudi le parquet dans son réquisitoire, selon la NHK.
"L'accusé a prémédité son acte avec une forte intention meurtrière et il était parfaitement conscient des dangers impliqués par un feu allumé avec de l'essence", ont ajouté les procureurs.
M. Aoba "avait soumis un roman (au studio, NDLR) mais il avait été éconduit. Or, il s'était mis en tête qu'il s'agissait d'un chef-d'œuvre" et que ses idées avaient été "volées" par le studio, a expliqué un médecin durant le procès selon la NHK.
La tragédie de KyoAni, qui a aussi fait une trentaine de blessés parmi l'équipe du studio, a eu un grand retentissement au Japon comme à l'étranger.
Il s'agit de l'un des crimes ayant fait le plus de morts dans l'archipel depuis des décennies.
Fondé en 1985 et réputé pour la qualité de sa production, KyoAni est toujours en activité, ayant continué ses opérations malgré le drame.
Sollicités par l'AFP, ni le tribunal de Kyoto ni le bureau des procureurs ne souhaitaient confirmer dans l'immédiat les informations des médias locaux sur les réquisitions du parquet.
Avec les Etats-Unis, le Japon est l'un des rares pays démocratiques à pratiquer encore la peine de mort, où elle est appliquée par pendaison. L'opinion publique nippone y reste majoritairement favorable, malgré les critiques.
"S'il vous plaît rendez-moi ma fille" a imploré cette semaine une femme dont la fille est morte à l'âge de 26 ans dans l'incendie de KyoAni, et qui s'exprimait au procès de M. Aoba.
"J'aimerais revenir à ce jour-là et mourir avec elle, pour être au moins à ses côtés", avait-elle ajouté, citée par la NHK.
姜-A.Jiāng--THT-士蔑報