The Hong Kong Telegraph - Prise de fonctions sous le radar pour Geoffroy Lejeune au JDD

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Prise de fonctions sous le radar pour Geoffroy Lejeune au JDD
Prise de fonctions sous le radar pour Geoffroy Lejeune au JDD / Photo: JOEL SAGET - AFP/Archives

Prise de fonctions sous le radar pour Geoffroy Lejeune au JDD

Ni vu ni entendu, Geoffroy Lejeune, journaliste marqué à l'extrême droite, était attendu mardi pour prendre ses fonctions au JDD en tant que directeur de la rédaction, désertée par les journalistes de l'hebdomadaire, en grève depuis plus d'un mois contre son arrivée.

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A la mi-journée, les grévistes, qui n'ont pas organisé d'action à l'occasion de sa prise de fonctions, ne s'étaient pas encore prononcés sur la suite du mouvement.

Sollicitée par l'AFP, la direction du groupe Lagardère, propriétaire du titre, n'a pas souhaité faire de commentaire.

Comme elle le martèle depuis le 22 juin, la rédaction refuse d'être dirigée par Geoffroy Lejeune, "dont les valeurs sont en totale contradiction avec celles du JDD". Elle demande en outre au groupe Lagardère d'"offrir aux journalistes des garanties d'indépendance juridique et éditoriale".

Soutien d'Eric Zemmour à l'élection présidentielle, Geoffroy Lejeune, 34 ans, a été nommé pour succéder à Jérôme Béglé, qui doit pour sa part prendre mardi la tête de Paris Match.

Depuis son démarrage, la grève au JDD, hebdomadaire influent dans les milieux politique et économique, a systématiquement été reconduite à la quasi-unanimité, empêchant sa parution six dimanches de suite.

Ce mouvement, inédit dans l'histoire du journal, surpasse par sa longueur notamment les grèves historiques d'i-Télé en 2016 (31 jours) et de Radio France en 2015 (27 jours), selon un décompte de Reporters sans frontières.

Même si Arnaud Lagardère, le patron du groupe, s'en défend, nombre d'observateurs voient dans cette nomination la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices.

Vivendi, groupe de M. Bolloré, est en effet en train d'absorber Lagardère, propriétaire du JDD, de Paris Match et d'Europe 1, après une offre publique d'achat réussie.

Toutefois, la Commission européenne a annoncé la semaine dernière l'ouverture d'une enquête soupçonnant Vivendi d'avoir pris le contrôle de Lagardère avant l'accord de la Commission.

Si les soupçons s'avéraient justes, Bruxelles pourrait infliger à Vivendi une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires total.

Les grèves précédentes menées contre les ingérences supposées de l'homme d'affaires à i-Télé (devenue CNews, propriété de Vivendi) en 2016 et Europe 1 en 2021 se sont soldées par des départs massifs.

- Vives inquiétudes -

La répétition d'un tel scénario au sein du JDD suscite de vives inquiétudes parmi les journalistes et une partie des personnalités politiques.

"Geoffroy Lejeune est suffisamment habile pour ne pas faire tout de suite du JDD le futur +National Hebdo+ mais il reste 4 ans avant 2027 à une équipe idéologiquement combative", a estimé la journaliste Anne Sinclair dans les colonnes de Libération mardi.

"On ne peut pas considérer la presse comme un pilier de la démocratie si elle-même n'a pas un fonctionnement démocratique", a commenté la patronne de la CFDT, Marylise Léon, également dans le quotidien de gauche.

Teresa Cremisi, ex-PDG de Flammarion et chroniqueuse au JDD depuis 2018, a de son côté adressé "un au revoir ému" aux lecteurs de l'hebdomadaire. "Vous êtes orphelins du JDD. Mais les collaborateurs du JDD sont orphelins de vous", déclare-t-elle dans Libération.

Jusqu'ici les grévistes du JDD n'ont pas trouvé d'accord avec la direction du groupe.

Selon des journalistes de l'hebdomadaire interrogés fin juillet par l'AFP, les négociations ont achoppé tant sur les conditions sociales en cas de départ des journalistes que sur le volet rédactionnel, la direction ayant refusé d'inscrire dans une charte de déontologie l'interdiction de "toute publication de propos racistes, sexistes et homophobes".

La rédaction réclame cette inscription, alors que Valeurs Actuelles a été condamné, sous la direction de Geoffroy Lejeune, à une amende de 1.000 euros avec sursis pour injure publique à caractère raciste envers la députée LFI Danièle Obono.

Vendredi, plus d'une vingtaine de journalistes de l'hebdomadaire s'étaient réunis à proximité du ministère de la Culture, où une délégation a été reçue par le cabinet de Rima Abdul Malak.

Les grévistes ont appelé la ministre à soutenir les récentes initiatives parlementaires visant à protéger l'indépendance des rédactions et à faire en sorte que les Etats généraux de l'information, annoncés pour septembre par l'Elysée, "ne soient pas une coquille vide".

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