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Plus de 200 prisonniers politiques libérés au Nicaragua arrivent aux Etats-Unis
Plus de 200 prisonniers politiques libérés au Nicaragua arrivent aux Etats-Unis / Photo: ANDREW CABALLERO-REYNOLDS - AFP

Plus de 200 prisonniers politiques libérés au Nicaragua arrivent aux Etats-Unis

Plus de 200 prisonniers politiques, dont deux Françaises et un Américain, ont été libérés jeudi au Nicaragua par le gouvernement du président Daniel Ortega, et sont arrivés à Washington.

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"Les Etats-Unis accueillent 222 personnes, qui (...) ont enduré de longues et injustes périodes de détention", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Leur libération est "une étape constructive" et "ouvre la porte à un dialogue" entre Washington et Managua, a-t-il ajouté dans un communiqué.

Leur remise en liberté a été décidée de manière "unilatérale" par les autorités du Nicaragua, mais les Etats-Unis ont ensuite "facilité" leur transport, a précisé une porte-parole du département d'Etat.

Les autorités américaines comptent fournir à ces dissidents, qui se sont posés en fin de matinée à Washington, un permis de séjour d'une durée initiale de deux ans.

Des proches et des opposants en exil avaient été les premiers à annoncer la remise en liberté du groupe.

Un juge nicaraguayen avait ensuite confirmé "l'expulsion" des 222 prisonniers qualifiés de "traîtres à la patrie", sans donner leur identité. "Leurs droits civiques ont été suspendus à vie", a précisé le magistrat Octavio Rothschuh de la Cour d'appel de Managua.

Ils vont également être déchus de leur nationalité nicaraguayenne, en vertu d'une loi adoptée en première lecture jeudi par le Parlement, et dont l'approbation finale est considérée comme acquise.

- Deux Françaises -

Javier Alvarez, un Nicaraguayen vivant en exil au Costa Rica, a révélé à l'AFP que parmi les personnes libérées se trouvent sa femme et sa fille, qui ont également la nationalité française.

Jeannine Horvilleur Cuadra, 63 ans, et Ana Alvarez Horvilleur, 43 ans, avaient été arrêtées le 13 septembre avec le mari de cette dernière.

Jugées coupables de "complot visant à saper l'intégrité de la Nation et diffusion de fausses nouvelles", elles avaient été condamnées le 26 janvier à huit ans de prison.

Paris a régulièrement exprimé sa préoccupation sur leur sort, le régime de Daniel Ortega s'étant singulièrement durci à l'encontre des opposants et des ONG.

Parmi les personnes libérées se trouvent également l'ancienne guérillera sandiniste Dora María Téllez, mais pas l'évêque catholique Rolando Alvarez et six religieux, a assuré M. Alvarez, un économiste à la retraite et ancien militant sandiniste.

Mgr Alvarez, un détracteur du président Ortega, et les religieux avaient été arrêtés en août. Le prélat, accusé de complot et diffusion de fausses nouvelles, est depuis assigné à résidence.

Le pape François avait dit suivre "avec préoccupation" la situation, tout en insistant sur la nécessité de maintenir un "dialogue" avec le régime. Faisant fi de cette main tendue, le président avait qualifié fin septembre l'Eglise catholique de "dictature parfaite".

- "Un grand jour" -

Fervent marxiste dans sa jeunesse, Daniel Ortega, un ancien guerillero du mouvement sandiniste avait mené l'insurrection qui a fait chuter le dictateur Anastasio Somoza en 1979, et l'avait remplacé à la tête du pays.

Défait aux élections de 1990, il était revenu au pouvoir en 2007 mais ses opposants l'accusent d'avoir ensuite versé dans l'autoritarisme et le népotisme.

En 2018, des manifestations réclamant son départ avaient été sévèrement réprimées, le pouvoir considérant ces protestations comme une tentative de coup d'Etat avec le soutien des Etats-Unis. Plus de 350 personnes avaient été tuées et 200 emprisonnées.

Daniel Ortega a été réélu en novembre 2021, pour un quatrième mandat consécutif, à l'issue d'un scrutin duquel étaient absents tous ses adversaires potentiels de poids, arrêtés ou contraints à l'exil.

La communauté internationale n'a de cesse de condamner la dérive du régime. L'UE et les Etats-Unis ont imposé de nombreuses sanctions au Nicaragua et à des personnalités du régime ces quatre dernières années, invoquant notamment des violations des droits humains.

L'écrivain nicaraguayen Sergio Ramirez, qui a été vice-président de Daniel Ortega pendant son premier mandat (1985-1990) et qui est actuellement en exil en Espagne, s'est félicité de la libération des prisonniers.

"Aujourd'hui est un grand jour pour la lutte pour la liberté au Nicaragua avec la sortie de prison de tant de détenus injustement condamnés (...), des prisons où ils n'auraient jamais dû se trouver. Ils vont en exil, mais ils vont être libres", a tweeté M. Ramirez.

王-A.Wong--THT-士蔑報